18e sommet de la Francophonie : Un événement aux couleurs de l'économie
Plus d’une trentaine de dirigeants de pays se réunissent à Djerba dont le Français Emmanuel Macron et le Canadien Justin Trudeau, en Tunisie, pour le 18ème Sommet de la Francophonie.
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Il s'agit d'un rassemblement où l’accent sera, en particulier, mis sur l’économie. Un domaine dans lequel la coopération francophone pèche.
Ce 18e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), sur l'île de Djerba, célèbrera les 50 ans d'une organisation de 88 membres dont la Tunisie fut l'un des pays fondateurs sous son président Habib Bourguiba, aux côtés du Sénégalais Léopold Sedar Senghor, du Nigérien Hamani Diori et du prince Norodom Sihanouk du Cambodge.
Candidate unique à sa succession, la Rwandaise Louise Mushikiwabo est assurée d'être réélue pour un nouveau mandat de quatre ans comme secrétaire générale de l'OIF, un espace de 321 millions de francophones amené à doubler d'ici 2050, essentiellement grâce à l'Afrique, rapporte africanews.
Face à des voix critiques, comme celle de l'écrivain sénégalais Amadou Lamine Sall qui a évoqué, dans une récente tribune, une francophonie "invisible" et "inaudible" à l'international, Louise Mushikiwabo a jugé son organisation "plus pertinente que jamais", dans un entretien avec l'AFP.
"La Francophonie se porte bien", selon elle. Et bien que l'OIF soit "une organisation modeste" (son budget ne dépasse pas les 100 millions d'euros), elle "peut apporter une petite plus-value" à "la plupart des problèmes du monde", aussi bien politiques qu'économiques.
Selon de hauts responsables du Canada, poids lourd de la Francophonie, l'organisation "peut être une force positive" sur des thématiques mondiales comme "la paix, la prospérité économique et la consolidation de la démocratie".
Quelque 89 délégations ont confirmé leur participation, dont 31 chefs d'Etat et de gouvernement et sept dirigeants d'organisations internationales et régionales, selon Tunis.
Ce sommet représente "une reconnaissance du rôle de la Tunisie dans l'espace francophone et de sa diplomatie au niveau régional et international" et une occasion de "renforcer la coopération économique", assure à l'AFP le coordinateur général du sommet Mohamed Trabelsi.
D'autres membres de l'OIF comme la province canadienne du Québec abordent le sommet comme un moyen d'"accroître (leur) présence en Afrique francophone où les occasions d'affaires se multiplient".
Le français est "la troisième langue d'affaires dans le monde et nous ouvre des portes, dans un contexte de diversification des marchés et des chaînes d'approvisionnement", explique à l'AFP la porte-parole de la Francophonie du Québec, Catherine Boucher.
Rappelant que l'idée d'une "francophonie économique" avait été défendue dès 2014 au sommet de l'OIF de Dakar, la ministre sénégalaise à la Francophonie Penda Mbow estime aussi qu'"on jugera les pays francophones sur leur capacité à réduire la fracture numérique au sein de leur société".
Le sommet, prolongé par un Forum économique jusqu'à lundi, a justement pour thèmes la connectivité et le numérique comme moteurs de développement.
Dakar espère aussi que le sommet permettra un "renouveau du multilatéralisme" qui est "partout en crise". "L'OIF, en remobilisant sa base, a une belle carte à jouer", assure Penda Mbow.
Même avis à Abidjan où le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, rappelle que "dans les missions de la Francophonie, il y a la promotion de la langue mais aussi d'autres dimensions qui peuvent toucher des questions politiques" ou la médiation de conflits.