2024 : Une année record pour le climat et la demande de charbon
L'année 2024 se distingue par un double défi pour le climat : elle est la plus chaude jamais enregistrée, dépassant le seuil de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle.
Alors que l’Agence internationale de l'énergie (AIE) signale une demande mondiale atteignant 8,77 milliards de tonnes, cette tendance met en lumière les tensions croissantes entre la nécessité de lutter contre le changement climatique et l'inertie des systèmes énergétiques actuels.
Une demande record de charbon malgré les efforts climatiques
Le charbon, l'une des principales sources d'émissions de gaz à effet de serre, reste crucial pour de nombreuses économies, en particulier en Asie.
La Chine, qui consomme à elle seule un tiers du charbon mondial, continue de dominer le marché.
Elle est suivie par des économies émergentes comme l'Inde, l'Indonésie et le Vietnam, où la demande d'électricité, alimentée par la croissance démographique et économique, reste forte. Le commerce mondial du charbon a également atteint un niveau inédit, avec 1,55 milliard de tonnes échangées en 2024.
Bien que des efforts aient été faits pour réduire cette dépendance au charbon, les progrès sont insuffisants face à l'augmentation des besoins énergétiques mondiaux.
Selon l'AIE, bien que les énergies renouvelables continuent de croître, leur déploiement à l'échelle mondiale reste insuffisant pour inverser la tendance de consommation de charbon à court terme.
En effet, même si la transition vers des technologies d’énergie propre est en marche, le secteur de l'électricité – principal consommateur de charbon – continue de peser lourdement.
Les énergies renouvelables : un espoir fragile
Toutefois, des lueurs d'espoir existent. Le déploiement massif des énergies renouvelables, notamment en Chine, où la capacité photovoltaïque et éolienne connaît une expansion spectaculaire, devrait limiter la hausse de la consommation de charbon dans les années à venir.
L’AIE souligne également que les économies avancées, notamment en Europe, ont déjà atteint leur "pic" de demande de charbon et devraient voir cette consommation diminuer, notamment grâce aux politiques climatiques ambitieuses et à la substitution par d'autres sources d'énergie, telles que le gaz naturel.
Mais les défis demeurent.
La demande en électricité continue de croître, alimentée par des phénomènes comme l’électrification des transports, l’augmentation des besoins en climatisation et la numérisation accrue des économies (avec la multiplication des centres de données).
Par ailleurs, les conditions climatiques jouent un rôle important dans la consommation de charbon. Des fluctuations liées à des périodes de froid ou de chaleur extrême pourraient engendrer des hausses imprévues de la demande de charbon, en particulier en Chine.
Un climat en péril
2024 marque donc une année charnière : à la fois la plus chaude jamais enregistrée et celle où la demande de charbon a franchi un seuil historique. Cette situation soulève une question fondamentale : comment réconcilier les besoins énergétiques mondiaux avec l'impératif climatique ?
L'augmentation de la température mondiale dépasse désormais les seuils fixés par l'accord de Paris, un accord qui avait pour objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C. Le dépassement de ce seuil, combiné à l'augmentation de la consommation de charbon, menace de rendre les objectifs climatiques de plus en plus difficiles à atteindre.
L'AIE prévoit que la demande mondiale de charbon se stabilisera d'ici 2027 grâce aux énergies renouvelables, mais la trajectoire à moyen terme reste incertaine. Le rôle des politiques publiques, des investissements dans les technologies propres et des décisions prises par les plus grands consommateurs de charbon, notamment la Chine, sera déterminant pour orienter la consommation énergétique mondiale vers un modèle plus durable.
En conclusion, si la transition énergétique s'accélère, le charbon reste encore un acteur majeur du mix énergétique mondial. L’équilibre entre développement économique, besoins énergétiques et enjeux climatiques sera le défi central des années à venir.