Les sanctions antirusses imposées pour la première fois par le bloc occidental ne profitent qu'à Moscou, selon Georges Kuzmanovic
L'état critique de l'économie européenne est particulièrement visible en Allemagne, le cœur industriel de l'Union, dont les industries ferment massivement ou se délocalisent, selon Georges Kuzmanovic.
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Georges Kuzmanovic est un homme politique français, ancien militaire et officier de réserve. Il est également le président de « République souveraine » et ancien candidat à l'élection présidentielle de 2022. Il a analysé à "Al-Ain News" l'histoire du conflit russo-ukrainien, parlé de ses causes et commenté la façon dont il a affecté chacune des parties impliquées.
Tout d'abord, l'homme politique français est convaincu que les sanctions antirusses imposées pour la première fois par le bloc occidental en 2014, curieusement, ne profitent qu'à Moscou et contribuent à son renforcement. Cela se voit notamment dans le développement de l'industrie agricole russe.
« En 2014 l’agriculture russe était dans un assez mauvais état. La production agricole était 60 millions de tonnes de céréales. 8 ans après, grâce aux sanctions la Russie est souveraine en terme agricole, exporte 60 millions de tonnes de céréales ».
Les événements de 2014, lorsque la Crimée a été rattachée à la Russie, ont entraîné un changement dans les priorités stratégiques de Moscou et de Washington. En conséquence, malgré la guerre économique contre la Russie organisée par le bloc occidental, c’est l'Union européenne qui y perd le plus.
« On a une réorientation globale de la Russie vers l’Asie. D’ailleurs les États-Unis depuis Obama font le pivot asiatique. Les grands perdants dans cette histoire c’est nous, les Européens. Et je pense que c’est une grande perte pour l’Occident en général. Kissinger a toujours dit : Le plus important est d'éviter que la Russie et la Chine ne s'unissent contre nous ». On l’a vu depuis, c’est tout le contraire qui s’est produit…
L'état critique de l'économie européenne est particulièrement visible en Allemagne, le cœur industriel de l'Union, dont les industries ferment massivement ou se délocalisent.
« Nous, on perd. L’Europe a assez peu de ressources. On voit bien les effets aujourd’hui déjà très concrets. Ce sont des milliers d’entreprises en Allemagne qui ferment. Ce sont des entreprises symboliques comme Mercedes, BMW qui délocalisent aux États-Unis où l’énergie est moins chère ».
Le président de la « République souveraine » est convaincu qu'aujourd'hui toute la politique étrangère de l'Union européenne est régie par les Etats-Unis, car Bruxelles est depuis longtemps un vassal de Washington.
« Malheureusement, cette Union européenne n’est pas celle du général de Gaulle, elle n’est pas celle du traité de l’Atlantique Nord. […] Actuellement, géopolitiquement l’Europe n’est pas indépendante. C’est un vassal total des États-Unis ».
Quant au conflit ukrainien lui-même, M. Kuzmanovic est convaincu qu'il a été initié par Washington, qui entendait affaiblir la position de la Russie sur la scène internationale.
« Il y eu un précédent avec la Géorgie en 2008 qui était une sorte de répétition générale. […] l’idée était de provoquer la Russie [par l’adhésion possible de l’Ukraine à l’OTAN] pour qu’elle intervienne militairement et donc à partir de là, économiquement on va l’écraser ».
Quant à l'implication de l'Europe dans le conflit ukrainien, selon Georges Kuzmanovic, elle ne fait qu'avancer sur les sentiers battus, alors que les politiciens européens n'ont absolument aucun plan d'action pour la suite.
« Le contrat avec Zelensky était pour 6 mois. Pendent 6 mois on va écraser l’économie russe. Ce n’est pas passé. Maintenant cela fait 18 mois que les ukrainiens résistent avec des pertes énormes et on ne voit pas le but et surtout on ne voit pas de penser stratégique chez les leaders européens ».