Adhésion de la Croatie à l'espace euro .. défis et craintes
A partir de ce dimanche 1 janvier 2023, la Croatie est devenue officiellement un Etat adhérent aux espaces euro et Schengen.
Nouvelle année, nouvelle étape au sein de l’UE. Ce samedi à minuit, la Croatie a adopté l’euro et intégré l’espace Schengen de libre circulation. Le pays a ainsi dit adieu à sa monnaie, la kuna, pour devenir le vingtième membre de la zone euro. Il devient en même temps le 27e État à rejoindre l’espace Schengen, vaste zone au sein de laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement sans contrôles aux frontières intérieures.
Les journaux locaux ont salué les deux événements, le quotidien Vecernji List les qualifiant de « couronnement de l’adhésion à l’UE » de la Croatie, où la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est attendue dimanche pour l’occasion.
Ce pays, dans l’Union européenne depuis juillet 2013, a proclamé son indépendance de la Yougoslavie en 1991 et le conflit qui a suivi (1991-1995) a fait quelque 20 000 morts.
Protéger l’économie et lutter contre l’inflation
Les dirigeants croates soulignent régulièrement les bénéfices que retireront selon eux leurs 3,9 millions de compatriotes de l’entrée dans la zone euro et dans l’espace Schengen. Pour les experts, le passage à l’euro contribuera à protéger l’économie croate, l’une des plus faibles de l’UE, face à une inflation galopante - en novembre, elle a atteint 13,5 % contre 10 % dans la zone euro -, une grave crise énergétique et à l’insécurité géopolitique depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.
Pour le gouverneur de la banque centrale croate (Banque nationale de Croatie, HNB), Boris Vujcic, l’abandon de la kuna, mise en circulation en 1994, est la « seule politique raisonnable », alors que des pays d’Europe de l’Est membres de l’UE mais n’ayant pas opté pour l’euro, comme la Pologne et la Hongrie, se sont révélés encore plus vulnérables à l’inflation.
Les Croates éprouvent pour leur part des sentiments mitigés : s’ils se réjouissent en général de la fin des contrôles aux frontières, le changement de monnaie inspire de la méfiance.
Ces derniers jours, les clients ont fait la queue devant les banques et les distributeurs automatiques de billets pour retirer de l’argent, craignant des problèmes de liquidités au lendemain de la période de transition. Tôt dimanche, le gouverneur de la banque centrale a retiré symboliquement des euros d’un distributeur à Zagreb.
Nombre de Croates redoutent que l’introduction de l’euro n’entraîne une hausse des prix - en particulier que les entreprises les arrondissent au niveau supérieur au moment de la conversion. Pour autant, rien ne change vraiment en ce 1er janvier puisque tout est calculé en euro depuis de nombreuses années.
Environ 80 % des dépôts bancaires étaient déjà libellés en euros en Croatie, ses principaux partenaires se trouvent dans la zone euro et le tourisme, qui constitue 20 % de son PIB, est alimenté par une importante clientèle européenne.