Affaire Amira Bouraoui : de lourdes peines requises
La médecin de formation est poursuivie par contumace pour « sortie illégale du territoire » et le journaliste notamment de « constitution d’une association de malfaiteurs ».
Le parquet de Constantine en Algérie a requis mardi 31 octobre dix ans de prison contre l’opposante franco-algérienne Amira Bouraoui et trois contre le journaliste algérien Mustapha Bendjama, accusé de l’avoir aidée à s’enfuir en France, a indiqué à l’AFP l’un des avocats de la défense. Le verdict est attendu pour le 7 novembre, a annoncé en début de soirée le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Amira Bouraoui, médecin de formation et âgée de 46 ans, est poursuivie par contumace pour « sortie illégale du territoire » après avoir franchi la frontière entre Algérie et Tunisie le 3 février, bravant une interdiction de sortie, avant d’être interpellée à Tunis alors qu’elle tentait d’embarquer vers Paris, a précisé Me Abdellah Heboul. La militante avait finalement pu s’envoler vers la France trois jours plus tard, malgré une tentative des autorités tunisiennes de la renvoyer en Algérie.
Alger avait qualifié son départ vers la France d’« exfiltration illégale » menée à l’aide des personnels diplomatiques et sécuritaires français et avait rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations. La brouille diplomatique s’était résorbée en mars.
Engagement dans le mouvement Hirak
Le parquet a également requis cinq ans d’emprisonnement contre un agent de la police des frontières, Ali Takaida, et trois ans pour M. Bendjama, la mère de Mme Bouraoui, âgée de 71 ans, le chauffeur de taxi Djamel Miassi et Yacine Bentayeb, cousin de Mme Bouraoui. Les coaccusés de la militante sont poursuivis pour « constitution d’une association de malfaiteurs, sortie illégale du territoire national, organisation d’immigration clandestine par un réseau criminel organisé », selon l’accusation, selon LeMonde.
Mme Bouraoui s’est fait connaître en 2014 par son engagement dans le mouvement Barakat contre le quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, avant de s’engager dans le mouvement de protestation Hirak et de travailler pour la radio privée indépendante Radio M.
Mustapha Bendjama avait été arrêté le 8 février dans les locaux du journal francophone Le Provincial, basé à Annaba (est), dont il est le rédacteur en chef, dans le cadre de l’affaire Bouraoui. Il a été condamné le 26 octobre à vingt mois de prison dont huit fermes aux côtés du chercheur algéro-canadien Raouf Farrah.
Ils ont été reconnus coupables de « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens