Afrique : L’ECO, une monnaie unique toujours en suspens (Infographie)

Le projet de création d’une monnaie unique pour la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est un sujet de débat depuis plusieurs décennies.
Un projet ambitieux mais retardé
Le projet de création d’une monnaie unique pour la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) est un sujet de débat depuis plusieurs décennies.
L’initiative, qui vise à remplacer les monnaies nationales des pays membres par une devise commune appelée l’ECO, devait initialement voir le jour en 2020. Toutefois, en raison de divers obstacles économiques et institutionnels, la mise en œuvre a été repoussée à 2027.
Malgré cet ajournement, l’ECO demeure un objectif stratégique pour les pays de la région, qui espèrent ainsi renforcer l’intégration économique et commerciale au sein de l’Afrique de l’Ouest. Cependant, de nombreux défis restent à surmonter avant d’aboutir à une monnaie unique viable et stable.
Enjeux économiques et politiques persistants
L’adoption de l’ECO soulève plusieurs enjeux de taille. D’un point de vue économique, il s’agit d’harmoniser les politiques monétaires et budgétaires des États membres, dont les structures économiques sont parfois très différentes. Le projet vise également à favoriser les échanges commerciaux intra-régionaux en réduisant les coûts de transaction et en facilitant les investissements.
Sur le plan politique, la mise en place d’une monnaie unique implique un degré élevé de coopération et de confiance entre les gouvernements de la CEDEAO.
Les décisions en matière de politique monétaire devront être centralisées, ce qui pourrait entraîner une perte d’autonomie pour certains États. Cette perspective suscite des réticences, notamment parmi les pays dont les économies sont relativement robustes par rapport aux autres.
Discussions récentes : un bilan contrasté
La question de l’ECO a été au cœur des débats lors de la 11ᵉ session du Conseil de convergence de la CEDEAO, qui s’est tenue le 3 mars 2025 à Abuja.
Cette rencontre a permis d’examiner les progrès réalisés et de réévaluer la feuille de route prévue jusqu’en 2027. Les discussions ont révélé des divergences persistantes entre les politiques économiques des États membres, ce qui complique davantage la transition vers une monnaie commune.
Principaux obstacles à la mise en œuvre
Plusieurs défis freinent l’adoption de l’ECO :
Une inflation disparate : Les niveaux d’inflation varient considérablement d’un pays à l’autre, rendant difficile la définition d’une politique monétaire unique qui conviendrait à tous les membres.
Des déficits budgétaires non maîtrisés : De nombreux États de la CEDEAO peinent à respecter les critères de convergence budgétaire, notamment en matière de déficit public et d’endettement.
Des capacités institutionnelles inégales : La mise en place d’une banque centrale commune nécessite des infrastructures financières solides, ce qui n’est pas le cas dans plusieurs pays de la région.
Perspectives d’avenir
Malgré ces obstacles, la volonté politique de certains États et les pressions économiques régionales pourraient accélérer les réformes nécessaires à l’adoption de l’ECO. L’échéance de 2027 reste un objectif ambitieux, mais encore incertain. Pour y parvenir, la CEDEAO devra renforcer la coopération entre ses membres, stabiliser les économies locales et s’assurer de la convergence des politiques budgétaires et monétaires.
L’avenir de l’ECO dépendra donc de la capacité des États à surmonter leurs différences économiques et politiques pour bâtir une union monétaire solide et durable, capable de rivaliser avec d’autres blocs économiques sur la scène internationale.