Aide humanitaire : Bruxelles propose de renforcer les capacités d’action de l’UE
L'Union européenne doit se doter d’une capacité commune d’intervention et pouvoir sanctionner les entraves à l’acheminement de l’aide, a soutenu mercredi la Commission européenne dans une proposition aux États membres.
« L’écart entre les besoins en financements et les ressources disponibles ne fait que croître et la situation va s’aggraver », a renchéri Janez Lenarcic, le commissaire chargé de l’aide humanitaire. En 2020, les besoins humanitaires de l’ONU ont bondi à près de 32,5 milliards d’euros, le chiffre le plus élevé jamais atteint, en raison également de l’impact de la pandémie de Covid-19 alors que seulement 15 milliards d’euros ont été fournis en financement, a précisé la Commission.
L’UE et ses membres fournissent 36 % de l’aide humanitaire mondiale, devant les États-Unis (35 %). Les cinq principaux bailleurs de l’UE sont l’Allemagne (3,6 milliards d’euros en 2020), la Suède (735 millions), les Pays-Bas (448), le Danemark (312,5) et la France (208). « Il faut élargir la base des donateurs », a soutenu le commissaire Lenarcic. L’UE doit par ailleurs mettre en place « une nouvelle capacité de réponse humanitaire européenne », afin d’intervenir directement dans les crises humanitaires. Le pont aérien mis en place par l’UE au début de la pandémie en 2020 est la référence, selon le commissaire slovène.
Mais personne ne pourra empêcher les États membres de poursuivre leurs actions nationales, a reconnu Josep Borrell. L’UE peut en revanche mettre en commun des ressources pour faciliter la logistique, les achats, le stockage, le transport et la distribution des articles de secours. L’acheminement de l’aide rencontre de plus en plus d’obstacles. L’accès est difficile, voire interdit dans certaines parties du monde, comme la région éthiopienne du Tigré, et les attaques se multiplient contre les personnels humanitaires. 125 ont été tués en 2019, selon l’exécutif européen.
« Il n’est pas question de conditionnalité pour l’aide humanitaire », a averti Josep Borrell, mais des actions sont possibles sur l’aide au développement pour forcer les accès humanitaires. M. Borrell a rappelé que le décaissement de près de 90 millions d’euros en faveur de l’Éthiopie a été suspendu. « L’UE ne peut pas rester sans réaction quand des gouvernements violent les droits fondamentaux ou refusent l’accès humanitaire et des sanctions doivent être possibles », a plaidé M. Lenarcic. « Mais on ne parle pas de sanctions contre l’Éthiopie. Les pressions politiques se poursuivent », a précisé M. Borrell.