Alexandre Loukachenko : un cinquième mandat sous tension en Biélorussie
Après trente ans d’un pouvoir autoritaire, Alexandre Loukachenko entame ce lundi 27 janvier son cinquième mandat à la tête de la Biélorussie, un pays de plus de 9 millions d’habitants.
Sans surprise, cette élection a été fortement critiquée par l’Union européenne, qui a dénoncé une « mascarade » et a annoncé, par la voix de Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, le maintien de sanctions ciblées contre son régime.
Un dirigeant défiant face à l’Occident
Lors d’une conférence de presse à Minsk, Loukachenko, surnommé « Batka » (« petit père » en biélorusse), a réaffirmé son mépris envers les critiques occidentales. « Je me fiche éperdument de l’Occident », a-t-il déclaré, soulignant que seule la reconnaissance des élections par le peuple biélorusse importait à ses yeux. Habitué à des échanges maîtrisés avec la presse, il a continué à valoriser les médias locaux tout en critiquant ceux étrangers.
Un climat électoral verrouillé
Les élections ont eu lieu dans une atmosphère dépourvue des éléments classiques d’une campagne démocratique : absence de débats contradictoires, pas d’affiches ni de tracts dans les rues de Minsk ou Gomel. Loukachenko lui-même a reconnu qu’il ne s’était pas investi dans la campagne, affirmant avoir « trop de travail ». Les rares candidats en lice n’ont offert aucune véritable opposition, certains allant même jusqu’à soutenir le président.
Répression persistante et droits humains bafoués
Depuis les manifestations massives de 2020, durement réprimées, la Biélorussie vit sous un climat de peur. Selon les organisations de défense des droits humains, plus de 1 200 prisonniers politiques restent détenus, souvent sans accès à un avocat. Environ 400 000 personnes auraient fui le pays pour échapper aux persécutions. Loukachenko a également admis que des participants aux manifestations avaient été exclus de certains emplois.
Une « démocratie brutale » assumée
Définissant son régime comme une « démocratie brutale », Loukachenko a clairement indiqué son refus de tendre la main à l’opposition. À ses yeux, les opposants sont des « criminels » ayant le choix entre l’exil, la prison ou une demande de pardon examinée par une commission.
La Russie, un soutien indéfectible
Le Kremlin a affiché son soutien, rejetant les critiques occidentales. Vladimir Poutine a félicité Loukachenko pour son « autorité politique » et son rôle de dirigeant.
Un peuple sous contrôle
Les Biélorusses vivent dans un climat de méfiance généralisée. Les citoyens interrogés sur les élections hésitent à s’exprimer, redoutant des représailles. Beaucoup témoignent d’un sentiment d’impuissance face à un processus électoral qu’ils jugent dénué de toute crédibilité.
Malgré un régime contesté et une opposition muselée, Loukachenko continue à asseoir son autorité sur un pays où les libertés individuelles sont de plus en plus restreintes.