Algérie : redonner un pouvoir d'achat au Dinar, principal objectif du Gouvernement
Le gouvernement algérien cherche à redonner du pouvoir d’achat au dinar pour soutenir à la fois l’amélioration des revenus des ménages et la compétitivité de l’appareil national de production.
C’est l’un des objectifs prioritaires que se fixe désormais l’exécutif pour une deuxième étape de réformes économiques et institutionnelles, présentée comme un point d’articulation pour consolider, à partir de cette nouvelle année, la stratégie envisagée pour accélérer le développement du pays.
«La bataille de la revalorisation du dinar sera de longue haleine», mais «elle a déjà été entamée» et des indices positifs commencent même à être visibles, a fait valoir en ce sens le président de la République dans une récente déclaration.
Prenant à témoin les récents constats de la Banque mondiale sur l’économie algérienne, le chef de l’État a fait comprendre en substance que cette nouvelle démarche de correction du taux de change de la monnaie nationale découle d’une approche réaliste, dès lors que tous les indicateurs de l’économie nationale «passent désormais au vert».
Aussi, a-t-il tranché, «si nous parvenons à augmenter la valeur du dinar de 30%, cela viendrait s’ajouter aux autres efforts visant à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, en plus des augmentations annuelles de salaires».
La fin des politiques de dévaluation ?
L’autre hypothèse avancée pour amorcer une correction à la hausse de la parité du dinar est le changement probable de la politique du taux change de la banque centrale, qui par le passé, se livrait parfois à un jeu de dévaluations ou de glissements volontaires de la valeur de la monnaie nationale, notamment pour freiner les importations.
Une politique, qui faut-il le rappeler, était souvent contestée, car jugée trop pénalisante, non seulement pour le pouvoir d’achat des citoyens, mais aussi pour la compétitivité des entreprises locales de production.
Dès lors, une nouvelle politique monétaire ciblant une revalorisation régulière du dinar devra profiter à la fois aux ménages à travers une meilleure maîtrise des prix des produits importés, mais également aux entités de productions – notamment dans certains secteurs comme le pharmaceutique – en favorisant surtout des baisses de coûts sur les intrants et les équipements importés en devises fortes.
L’amélioration des réserves de change favorise la hausse du dinar
De fait, au-delà de la nécessité d’opérer un rattrapage du pouvoir d’achat des citoyens pour leur permettre d’accéder à des revenus décents, la réévaluation amorcée de la parité du dinar est également justifiée par l’amélioration notable des fondamentaux de l’économie nationale, dont notamment l’encours des réserves officielle de change.
Gage de solvabilité extérieure pour les pays, celles-ci fondent également le pouvoir d’achat du dinar et la stabilité de sa valeur par rapport aux taux de change fluctuants des principales devises-clés que sont l’euro et le dollar.
Après plusieurs années de forte contraction, suite notamment au contrechoc pétrolier de la mi-2014, les réserves du pays en devises, faut-il le rappeler, retrouvent désormais une courbe positive, atteignant actuellement plus de 60 milliards de dollars, soit une autonomie de près d’une année et demie d’importations de biens et de services, selon les chiffres dévoilés récemment par le gouverneur de la banque centrale.
Une évolution appelée du reste à se consolider davantage, de par l’évolution attendue des revenus du pays en devises et la bonne tenue des prix du pétrole sur le marché mondial.
La politique de fixation du taux change observée par la Banque d’Algérie étant généralement corrélée à l’encours des réserves de change, l’évolution de la valeur du dinar devrait ainsi suivre naturellement celle de cette épargne du pays en devises qui commence à évoluer désormais à la hausse.
Aussi, dans la pratique, nous expliquent des acteurs de la place bancaire locale, l’objectif d’une réévaluation de 30% de la valeur de la monnaie nationale est tout à fait réaliste et peut être concrétisé progressivement sur quelques mois.
A conditions, tempèrent-ils, que les indicateurs économiques et les exportations globales du pays continuent à s’améliorer et qu’en parallèle les dépenses publiques et celles à l’importation ne viennent plus à s’emballer comme par un proche passé.
Il s’agit en somme, préconisent nos interlocuteurs, de réévaluer graduellement la monnaie, tout en gardant un œil vigilant sur la politique budgétaire et la viabilité de la balance des paiements pour que justement la hausse du dinar puisse effectivement s’inscrire dans la durée.