Infographie/Concurrence algéro-marocaine: comment le gaz nigérian arrive-t-il en Europe ?
Les Européens qui comptent en finir avec le gaz russe à l’horizon 2027 misent, pour suppléer ce marché sur une belle alternative, celle des énormes réserves du Nigeria.
Ces dernières, premières du continent qui sont situées pour ainsi dire à distance « égale » (Europe de l’Ouest-Russie) avec leurs 5 300 milliards de m3 de réserves, attisent bien des convoitises sur le Vieux continent.
Seul hic, les infrastructures gazières pour l’acheminent de précieux combustible viennent à manquer. Aussi deux projets de gazoducs intercontinentaux se font concurrence. Le premier, a vu le jour dans les années 1980 et passerait par l’Algérie, tandis que le second projet beaucoup plus récent, (lancé en 2016) rejoindrait le Maroc. En effet, l’idée du projet, visant à renforcer les partenariats avec les pays africains, avait été lancée en 2016 par le roi Mohammed VI lors d’une visite à Abuja.
Du nom de Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP), appelé également “Nigal” (initiales du Nigeria et de l’Algérie), le gazoduc Nigéria-Algérie doit relier les gisements du delta du Niger aux installations gazières de Hassi R’Mel. Ce projet est supporté par l’Union Européenne, le Nigéria et l’Algérie. Long de 4 128 km, le gazoduc devrait traverser le Nigeria sur 1 037 km, puis le Niger sur 841 km, avant de parcourir l’Algérie sur 2 310 km. Le gaz naturel sera ensuite acheminé par canalisation en Espagne et en Italie. Voilà pour le premier décor !
Le gazoduc Nigeria-Maroc, “Nigeria-Morocco Gas Pipeline” (NMGP) appelé également « Gazoduc Afrique Atlantique”, est long d’environ 6 000 km et traversera quant à lui, treize pays africains sur la façade atlantique. Il acheminera des milliards de mètres cubes de gaz nigérian jusqu’au Royaume puis de sa connexion au Gazoduc Maghreb Europe (GME) vers l’Espagne et l’Europe.
Les porteurs de ces projets sont le Nigeria, Maroc et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et sa mise en œuvre est prévue pour dans dix ans au maximum. A la fin de l’année écoulée, le Maroc et le Nigéria avaient signé sept protocoles d’accord avec la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le Sierra Leone, le Ghana, et un autre avec la CEDEAO.
“le Gazoduc Maroc-Nigeria est un projet au service de la paix en Afrique de l’Ouest et vise à réaliser l’intégration économique dans le continent”, écrivait en début de semaine le journal londonien Alarab. Cette infrastructure, en effet contribuera à l’amélioration des conditions de vie des populations et permettra de donner à l’Afrique une nouvelle dimension économique, politique et stratégique. Même si aucune date de début du chantier n’a encore été fixée, le dossier est pratiquement ficelé.
Prêt à investir 50% du coût total dans ce projet historique est ambitieux (record en tant que plus long gazoduc offshore du monde) les partenaires de la nigérian national Petroleum Company Limited et l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) envisagent de financer conjointement le projet qui devrait coûter 25 milliards de dollars à parts égales (23 milliards d’euros).