Algérie, Maroc, Nigeria-Bénin ou Zambie : la course pour l’organisation de la CAN 2025 est lancée
La Coupe d’Afrique des nations 2025, retirée à la Guinée, sera prochainement attribuée à un autre pays.
Une nouvelle fois, le pays initialement choisi pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations (CAN) s’est vu retirer l’organisation de la compétition. Après la Libye en 2013, pour cause de guerre civile – remplacée par l’Afrique du Sud –, puis le Maroc en 2015 en raison de la circulation du virus Ebola – supplée au pied levé par la Guinée Equatoriale –, le Cameroun en 2019, qui avait bénéficié d’un report de plus de deux ans afin d’achever tous les travaux nécessaires, c’est la Guinée qui a été sanctionnée par la Confédération africaine de football (CAF) le 30 septembre 2022. L’instance avait constaté de trop nombreux retards dans l’avancée des travaux et s’est résignée à lancer un nouvel appel à candidatures.
Cinq pays ont pour l’instant déposé un dossier officiel au Caire, où siège la CAF. Il s’agit de l’Algérie, du Maroc, de la Zambie et du duo Nigeria-Bénin, qui ont tous reçu l’aval de leur gouvernement. « D’autres candidatures conjointes, par exemple de trois pays, ne sont pas à exclure, mais elles sont plus compliquées à mettre en pratique, car il faut que les gouvernements locaux donnent leur aval », précise Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF.
Le Sénégal, qui avait envisagé de se porter candidat avec un autre pays, s’est finalement désisté. L’Afrique du Sud, souvent citée comme un possible postulant et pays d’origine de Patrice Motsepe, le président de la CAF, a précisé qu’elle préférait concentrer tous ses efforts sur sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde féminine 2027.
Nécessité d’avoir six stades
La CAF désignera dans les prochaines semaines le nom du nouveau pays organisateur. Verdict au plus tôt le 10 février, même si, selon nos informations, la CAF devrait s’accorder quelques semaines de délai supplémentaire.
« Il y aura dans chaque pays candidats des missions d’inspection. La CAN sera confiée à une nation dont les différentes infrastructures doivent correspondre aux exigences du cahier des charges pour une compétition réunissant vingt-quatre équipes. Il faut notamment six stades et nous ne pouvons pas, à deux ans de la CAN 2025, la confier à un pays qui devrait en construire deux ou trois. Les délais ne seraient pas tenables », poursuit Véron Mosengo-Omba. Pour rappel, les CAN 2019, 2023 et 2025 avaient été attribuées alors que le tournoi ne concernait que seize sélections.
Les précisions apportées par Véron Mosengo-Omba sont de bons indicateurs pour l’Algérie et le Maroc, aujourd’hui considérés comme les prétendants disposant des dossiers les plus solides. L’Algérie a été la première à se porter candidate. Le pays accueillera le prochain Championnat d’Afrique des nations (CHAN) du 13 janvier au 4 février, grâce à une intense politique de construction et de rénovation de stades.
Selon des sources concordantes, six enceintes – Baraki et Douéra dans la banlieue d’Alger, Blida, Oran, Annaba et Constantine – ont été sélectionnées, alors que le stade du 5-Juillet à Alger et celui de Tizi-Ouzou, en phase d’achèvement, sont en réserve. « L’Algérie n’a accueilli la CAN qu’à une seule reprise, en 1990. Ses stades étaient anciens, vétustes, mais de gros efforts ont été faits pour la doter de vraies infrastructures, au niveau des hôtels, des transports, des terrains d’entraînement », plaide Ali Fergani, l’ancien capitaine et sélectionneur des Fennecs, selon lemonde.
Le Maroc et l’Algérie favoris
Si le dossier algérien est solide, celui du Maroc l’est également. Le royaume, qui a accueilli la CAN en 1988, fait figure de favori, comme l’a confirmé au Monde Afrique le président d’une fédération subsaharienne. « J’ai pu consulter le dossier marocain. On sait que ce pays est un des rares, sur le continent, à disposer de toutes les infrastructures adéquates. Il peut organiser la CAN demain, avec ses stades modernes à Casablanca, Rabat, Agadir, Marrakech, Fès ou Tanger. Oui, il se dit que le Maroc est le mieux placé pour organiser la CAN 2025 », admet le dirigeant.
Le roi Mohammed VI s’est personnellement investi dans la candidature chérifienne. Quatre de ses ministres ont sillonné le continent (Sierra Leone, Mali, Gabon, Congo, Botswana, Nigeria, Cameroun, RDC, Somalie, Mauritanie, Ouganda…). Younès Sekkouri (inclusion économique, petite entreprise, emploi et compétences), Ryad Mezzour (industrie et commerce), Mohamed Bensaïd (jeunesse, culture et communication) et Chakib Benmoussa (sports et éducation nationale), qui ont tous été reçus par les chefs d’Etat, ont pu défendre la candidature de leur pays.
Plusieurs membres du comité exécutif de la CAF, lequel désignera l’hôte de la CAN 2025, sont originaires des pays visités par les émissaires du roi. « Et il ne faut pas perdre de vue que la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a signé une quarantaine de partenariats (44 exactement) avec des fédérations subsahariennes. Au moment de l’attribution d’une CAN, la diplomatie sportive est un avantage, d’autant plus que Fouzi Lekjaa, le président de la FRMF depuis 2014, est influent au sein de la CAF, dont il est quatrième vice-président », intervient Jean-Baptiste Guégan, auteur du livre Géopolitique du sport, une autre explication du monde (éd. Bréal).
Derrière les deux favoris que sont le Maroc et l’Algérie, les autres candidats connus n’affichent pas les mêmes arguments. La Zambie ne dispose que de deux stades homologués par la CAF, à Lusaka et à Ndola, et si le gouvernement zambien s’est engagé à en construire un à Livingstone et à rénover d’autres enceintes, le pays d’Afrique australe accuse un retard structurel qui semble rédhibitoire. Quant au ticket composé par le Nigeria et le Bénin, il se heurte à la situation sécuritaire du premier, pourtant bien pourvu en stades aux normes CAF, alors que son voisin francophone n’est doté que d’une seule enceinte homologuée, à Cotonou.