Maroc-Niger : que vient chercher le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine à Rabat ?
Après le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch, certaines sources indiquent que le Nigérien pourrait être reçu par le roi. Un signe clair du désir de dialogue entre Rabat et Niamey, et plus largement avec les juntes au pouvoir Sahel.
Arrivé au Maroc le 12 février en fin d’après-midi, le Premier ministre de transition du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, a rencontré plusieurs personnalités politiques marocaines de premier plan, dont le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch auquel il a remis « un message du président de la République pour le roi Mohammed VI », selon un communiqué diffusé par l’agence officielle MAP.
Présenté sur le réseau social X (ex-Twitter) par le Premier ministre nigérien comme une « visite de travail et d’amitié », ce déplacement succède à un autre, fin décembre à Marrakech, effectué par le ministre des Affaires étrangères. Le diplomate en chef du Niger était convié avec ses homologues du Mali, du Tchad et du Burkina Faso pour se concerter avec le ministre marocain des Affaires étrangères sur l’initiative Atlantique lancée par le roi Mohammed VI et sa volonté affichée d’ouvrir aux pays du Sahel un accès à l’Océan en mettant à la disposition de ces quatre pays ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, rapporte Jeune Afrique dans son rapport cette visite.
Niamey en quête d’alliés
La visite du Premier ministre est-elle un nouveau pas dans la construction de cette alliance ? Aucun détail n’a encore filtré sur le contenu des échanges entre Ali Mahaman Lamine Zeine et les responsables marocains.
Accompagné du ministre de la Défense nationale, le général de corps d’armée Salifou Mody, et du ministre des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, Ali Mahaman Lamine Zeine pourrait cependant être reçu par le monarque marocain, selon des sources nigériennes. Ce qui démontre le caractère stratégique de ce déplacement, alors que le Niger, géré par des autorités de transition depuis le putsch de juillet dernier, revoit ses partenariats stratégiques dans la région, tout comme ses voisins maliens ou burkinabè.
« Après la rupture avec la Cedeao fin janvier, le Niger a besoin de nouveaux alliés capables de leur garantir un approvisionnement en produits alimentaires et en médicaments, commente un ancien diplomate marocain. Ce que le royaume a tout intérêt à apporter s’il souhaite renforcer son influence dans les pays du Sahel, où la France comme l’Algérie ne sont plus les bienvenues. »
Le Maroc en intermédiaire
« À court terme cela permet au royaume de se positionner en intermédiaire pour les Occidentaux qui ont du mal à communiquer avec les nouveaux régimes, mais aussi d’accélérer la reconnaissance de sa cause nationale, le Sahara, par des pays qui ne lui étaient pas forcément acquis », ajoute le diplomate. Ce nouveau partenariat entre le Maroc et les pays du Sahel a été rendu notamment possible par la prudence affichée par Rabat face aux crises que traversent ces États, là où Paris et Alger ont été accusées de vouloir se montrer trop paternalistes, ou pire de verser dans l’ingérence.
Visite diplomatique au Maroc: Alliance renforcée entre le Niger et le Maroc pour un Sahel prospère
C’est ainsi que lors du coup d’État au Niger, Rabat s’était contenté de signaler par la voix de Mohamed Arrouch, son ambassadeur auprès de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, lors d’une réunion urgente du Conseil de paix et de sécurité, que « le Maroc fait confiance à la sagesse du peuple et des forces vives du Niger pour préserver les acquis, maintenir son rôle régional constructif important et œuvrer à la réalisation des aspirations du peuple frère du Niger ».
Ce que n’avait pas manqué de saluer le ministre nigérien des Affaires étrangères Bakary Yaou Sangaré lors de sa prise de parole en décembre à Marrakech, déclarant que « c’est dans la difficulté que l’on reconnaît ses vrais amis ».