Allemagne: Merkel violemment critiquée au sujet de la Russie
Le conservateur allemand Wolfgang Schaüble, ancien ministre, égratigne vendredi Angela Merkel, qui ne fait pas partie des "grands chanceliers" selon lui, et regrette des "erreurs" et un aveuglement au sujet de la Russie.
"Nous devrions nous montrer moins arrogants, mais plus crédibles sur le plan européen", estime M. Schaüble, 80 ans, dans le quotidien économique Handelsblatt.
"L'Allemagne est toujours le pays le plus fort d'Europe sur le plan économique (...) Cela signifie tenir la boutique ensemble, parfois montrer
l'exemple, mais pas faire cavalier seul sans concertation", fait valoir M.Schaüble, dans une pique à l'actuel chancelier, Olaf Scholz, critiqué pour son manque de concertation avec ses partenaires européens.
M. Schaüble, membre du Bundestag depuis 1972, égratigne aussi l'ex-chancelière Merkel, qui a quitté le pouvoir il y a près d'un an.
Ce rival historique de l'ancienne dirigeante au sein de la CDU dresse ainsi une liste de "grands chanceliers" dans laquelle figurent Konrad Adenauer, Willy Brandt et Helmut Kohl.
Mme Merkel n'a donc pas sa place dans la liste? "Elle est provisoirement close", répond-il, ajoutant qu'il est "peut-être encore trop tôt pour en juger définitivement".
"Mais ce qui est remarquable, c'est qu'elle ne peut pas non plus dire maintenant, en ce qui concerne la Russie, que nous avons fait des erreurs", reproche-t-il à Mme Merkel, qui n'a pas fait de mea culpa depuis l'invasion de l'Ukraine au sujet de ses accommodements avec le régime de Vladimir Poutine.
L'ancienne ministre de la Défense et ex-dauphine de Mme Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, "l'a dit à juste titre : je suis tellement en colère contre nous", poursuit M. Schaüble.
"Nous ne voulions pas voir", la vraie nature du régime russe, regrette l'ancien ministre. "C'est valable pour tout le monde. Lorsque j'étais ministre de l'Intérieur (...) J'aurais pu regarder ce que la Russie faisait en Tchétchénie" au nom de la lutte contre l'islamisme, déplore-t-il.
"Ou écouter le président polonais de l'époque, Lech Kaczynski: après l'invasion de la Géorgie par la Russie (en 2008), il avait prévenu: +D'abord la
Géorgie, puis l'Ukraine, puis la Moldavie, puis les pays baltes et ensuite la Pologne+. Il a eu raison", estime M. Schaüble.
L'ancien ministre, critiqué lors de la crise grecque pour son intransigeance avec Athènes, émet aussi des réserves sur les gazoducs controversés Nord Stream, que "nous avons essayé de faire passer contre tous les autres Européens et contre les Américains".
"J'ai toujours considéré que Nord Stream 1 et 2 étaient une erreur. Je l'ai dit en tant que membre du gouvernement fédéral, même si cela ne suscitait pas l'enthousiasme", assure Wolfgang Schaüble.