Guerre en Ukraine : L’Allemagne va bien livrer des chars Leopard à l’Ukraine
Berlin a fini par céder. L’Allemagne donne son feu vert à la livraison de chars Leopard à l’Ukraine, a annoncé ce mercredi 25 janvier 2023 le porte-parole du gouvernement allemand, Seffen Hebestreit, dans un communiqué.
L’Allemagne va livrer pour sa part à l’Ukraine 14 chars Leopard 2A6, provenant des stocks de la Bundeswehr (armée allemande) et elle va autoriser les pays qui le souhaitent à fournir à Kiev les blindés qu’ils détiennent.
Les pays ayant acheté pour leurs forces armées des chars Leopard 2, réputés être parmi les meilleurs du monde, à l’Allemagne doivent obtenir l’autorisation de Berlin pour les ré-exporter.
Le chancelier, critiqué en Allemagne et à l’étranger pour ses tergiversations ces dernières semaines, devait s’exprimer plus en détail devant la chambre basse du parlement, le Bundestag, à partir de 12 h GMT. Berlin fait le « nécessaire » pour soutenir l’Ukraine mais veut « empêcher une escalade » entre Russie et Otan a d’ailleurs déclaré Olaf Scholz.
L’Ukraine salue « un premier pas », la Russie dénonce « une décision dangereuse »
« Un premier pas a été fait », a aussitôt réagi sur Telegram Andriï Iermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne. « Nous avons besoin de beaucoup de Leopard », a-t-il toutefois souligné, réclamant qu’une « coalition » internationale fournisse des chars lourds à son pays. Le président Volodymyr Zelensky s’est dit « sincèrement reconnaissant ». « Nous remercions sincèrement le chancelier et tous nos amis en Allemagne », a-t-il écrit sur Twitter, précisant avoir discuté au téléphone avec le chancelier allemand.
« C’est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation », a commenté l’ambassadeur russe en Allemagne Sergueï Netchaev, selon le compte Telegram de son ambassade, accusant les Occidentaux d’être dans une logique d’« escalade permanente ».
De son côté, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a remercié l’Allemagne. « Merci, chancelier Olaf Scholz. La décision d’envoyer des Leopard en Ukraine est un grand pas vers l’objectif d’arrêter la Russie.
La France, elle, « se félicite » du feu vert allemand à l’envoi en Ukraine de chars Leopard, estimant qu’il « prolonge et amplifie » le soutien en armement « engagé » avec la livraison de blindés légers AMX10-RC, a réagi l’Élysée. Paris avait annoncé le 4 janvier l’envoi de ces chars de combat légers, suivie dans la foulée par une décision similaire de l’Allemagne et des États-Unis.
encore pris de décision au sujet de l’envoi de ses propres chars lourds Leclerc – un type de matériel comparable au Leopard allemand – qui reste une hypothèse que le président Emmanuel Macron n’exclut pas. Il a assuré dimanche que « rien » n’était « exclu », mais a émis trois critères : « que ce ne soit pas escalatoire », « que ça puisse apporter un soutien réel et efficace » aux Ukrainiens en tenant compte des délais de formation, et que ça n’affaiblisse pas les capacités de défense françaises.
Les Leopard vont « renforcer la capacité défensive » de l’Ukraine, s’est réjoui Londres après la décision. L’Espagne est, elle, « disposée » à envoyer ce genre de chars et à former les soldats ukrainiens à leur utilisation et à leur maintenance, a assuré la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles dans une déclaration retransmise sur la télévision publique, sans préciser le nombre de chars potentiellement concernés.
La Pologne était prête à livrer
Les médias allemands, notamment le Spiegel et la chaîne d’information NTV, avaient déjà largement pressenti et ébruité la décision, rapporte ouest France.
Le chancelier allemand Olaf Scholz était sous pression depuis plusieurs semaines de la part de ses alliés occidentaux, de l’Ukraine mais aussi de ses partenaires de sa coalition gouvernementale, libéraux et écologistes. Pressé de toute part d’agir, il est resté fidèle à son mantra consistant à éviter tout cavalier seul en matière de livraison d’armes à l’Ukraine. La crainte d’une escalade militaire avec Moscou et ses réticences à faire assumer à l’Allemagne un leadership dans le camp occidental expliquent les hésitations du chancelier Scholz, selon des analystes.
Selon Der Spiegel et le quotidien Die Welt notamment, la coalition de nations voulant transférer des Leopard comprend également le Danemark, les Pays-Bas ou encore l’Espagne, en plus de la Pologne et de la Finlande qui l’avaient déjà annoncé publiquement.
Lundi, la Pologne avait prévenu qu’elle était prête à exporter ses chars en Ukraine sans attendre et à se passer de l’autorisation de Berlin. La Pologne avait déjà fait savoir qu’elle était prête à livrer 14 de ces chars à Kiev dans le cadre d’une coalition internationale.
Varsovie assure discuter avec une quinzaine d’États au sujet de cette coalition, de nombreuses armées européennes possédant de tels blindés, rapporte ouest France .