Après les Grammys, jusqu’où Chappell Roan ira-t-elle pour soutenir les artistes en difficulté ?
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Lors de la cérémonie, la chanteuse a exhorté l’industrie musicale à mieux protéger les musiciens méconnus
. Un influent acteur du secteur dénonce une posture démagogique dans une tribune. Elle lui répond par des actions concrètes.
Dimanche, la chanteuse Chappell Roan émouvait l’auditoire des Grammys, l’énorme cérémonie de récompenses de l’industrie musicale américaine, avec un vibrant plaidoyer pour les artistes fragilisés par leur non-rentabilité (qu’elle a connu elle aussi). Elle réclamait des majors plus de bienveillance à leur égard, notamment en suggérant d’inclure dans leurs contrats un salaire fixe et une couverture santé (mentale ou autre), comme pour n’importe quel employé. Son discours a néanmoins suscité de vives critiques de l’industrie incriminée, notamment une longue tribune signée Jeff Rabhan, ponte du business, dans le Hollywood Reporter, qualifiant Roan née Kayleigh Rose Amstutz il y a 26 ans, d’être immature et mal informée – pour ne pas dire un brin démago – malgré l’indiscutable noblesse de son geste.
Rabhan rappelle que les majors du disque sont des entreprises commerciales et non des associations caritatives, et que tout leur système économique repose sur ce principe. Principe qu’acceptent les artistes – et non de simples employés – qui signent des contrats chez eux. Toucher de conséquentes avances sur recettes permet à ces derniers de réaliser leurs disques, de partir en tournée dans des conditions décentes, bref de vivre de leur musique en attendant qu’elle rapporte (gros). Ces musiciens profitent également d’un considérable investissement promotionnel en vue d’obtenir le résultat escompté. Autant d’avantages dont Chappell Roan a très largement bénéficié, passant, en à peine un an, d’artiste émergente à poule aux œufs d’or, devenant avec sa joyeuse pop fédératrice la face très grand public d’une acceptation de la cause LGBTQI +.
Jeff Rabhan rappelle ainsi que l’histoire de la pop s’est construite depuis toujours sur le succès de rebelles propulsés par un système qu’ils prétendent dénoncer.
Un beau discours ne coûte rien, dit-il en substance, à part soigner son image. Seule l’action engage réellement. Et de citer les exemples passés, autrement courageux et risqués.
À l’image de Prince qui s’était battu contre son label pour gagner son indépendance. Ou de Tom Petty qui avait produit lui-même à ses frais son album Damn the Torpedoes avant de refuser que sa maison de disques le commercialise.
On pense également à The Clash, qui avait renoncé à ses droits sur les ventes de Sandinista ! en exigeant de son label, Sony, que le triple album soit vendu au prix d’un seul.
Il faut croire que la leçon a porté ses fruits, puisque Chappell Roan vient d’annoncer, suivie par Charli XCX et Noah Kahan, qu’elle versait 25 000 dollars (24 200 euros environ) à un fonds destiné aux artistes en difficulté.
Un beau geste, qui ne devrait pas trouer considérablement son budget, et dont on peut déjà relever l’ironie puisqu’il fait suite aux conseils d’un puissant manitou de l’industrie du disque.