Arrestation des créateurs de contenu "indécent" en Algérie : quelle est l'histoire ?

Les arrestations par les autorités algériennes de plusieurs influenceurs accusés de "propager la débauche" et de créer du contenu "indécent" suscitent un débat social et juridique sur l'efficacité du traitement sécuritaire des contenus locaux sur les rése
Le tribunal d'Aïn El-Kebira dans la wilaya de Sétif, à l'est de l'Algérie, a condamné la créatrice de contenu connue sous le nom de "Dounia Setaifia" à cinq ans de prison ferme et à une amende, selon ce qu’a rapporté le journal Echourouk.
Le journal a indiqué que le tribunal a inculpé la célèbre influenceuse pour plusieurs accusations, dont la "création de contenu indécent", la diffusion de vidéos indécentes sur les réseaux sociaux, la vente de photos obscènes et la facilitation de la prostitution".
La précédente Miss Afrique du Nord, Wahida Guerroudj, a également été placée en détention à la prison de Koléa, à l’ouest d’Alger, pour "avoir séquestré son directeur de production, menacé et frappé ce dernier lors d’un direct sur les réseaux sociaux".
Au début du mois dernier, la police de la ville d’Oran (à l'ouest de l'Algérie) a arrêté une influenceuse après la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux, incitant à "des dérives morales et à l’incitation à la débauche", selon un communiqué de la police d’Oran, publié le mois dernier.
Le communiqué mentionne l’arrestation de deux influenceuses ayant des comptes sur la plateforme Instagram et d'autres réseaux sociaux, accusées de "publier du contenu immoral".
Protection de la société
La police a également arrêté d’autres influenceurs et créateurs de contenu sur les réseaux sociaux pour divers chefs d’accusation allant de "l’athéisme, la débauche et l'incitation au suicide", soulevant des avis partagés concernant ces arrestations, qui comportent des implications "sociales et religieuses".
L’avocat des droits de l'homme Farouk Constantine estime que la loi "protège la société contre les comportements et actions qui lui portent atteinte et les pénalise".
Il a défendu ces mesures, affirmant qu'elles sont en adéquation avec les demandes d'un large éventail de citoyens algériens, de députés, d’intellectuels et d'autres catégories sociales.
Il a ajouté que l’État "ne peut pas se décharger de sa responsabilité de protéger la morale publique et la société contre les pratiques immorales".
Constantine conclut en précisant que le contenu nuisant aux bonnes mœurs peut avoir des effets négatifs sur les enfants mineurs, qui font partie de la société et doivent être protégés de ce type de contenu.
Il a également mentionné "le caractère sacré de la société conservatrice en Algérie, qui rejette ce type de contenu choquant".
L'article 333 bis du Code pénal algérien stipule que toute personne "qui crée, détient, importe, cherche à importer à des fins commerciales, distribue, loue, colle, expose, commence à exposer au public, vend ou commence à distribuer tout document, écrit, dessin, publicité, image, tableau, photographie, ou toute forme de représentation ou de production immorale" doit être punie.