Automobile: Renault et Nissan veulent revoir leur Alliance... Comment cela affectera-t-il le marché ?
Rééquilibrer le financier pour rééquilibrer les relations au sein de l’Alliance? C’est ce qui semble attendu des négociations confirmées ce lundi entre Renault et Nissan pour revoir leurs participations croisées.
Si les détails ne sont pas encore connus –Renault accédera-t-il à la supposée demande de Nissan de baisser sa participation à 15%, combien investira Nissan dans Ampère le spin-off électrique de Renault – les deux partenaires semblent bien décidés à faire bouger les lignes de leur alliance. Une restructuration attendue à en croire la réaction des marchés.
"Une résorption du déséquilibre"
"Ce n’est pas une surprise que les marchés réagissent positivement car c’était l’issue de l’alliance entre Renault et Nissan, une résorption du déséquilibre qui existe entre les deux constructeurs", commente sur BFM Business Arnaud Aymé, analyste chez Sia Partners.
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Comme le rappelle l’AFP, lors de la création de l'Alliance en 1999, Renault avait acquis 36,8% du capital de Nissan, au bord de la faillite. Mais les équilibres ont changé depuis. Le Français affiche désormais une santé fragile, avec des investissements massifs pour électrifier son offre, une montée en gamme accompagnée d'une baisse des volumes de ventes et un bilan alourdi par son retrait de Russie.
"Nissan vaut aujourd’hui le double de Renault, ça c’est la réalité financière, et la réalité industrielle c’est que Nissan produit 50% de plus de véhicules que Renault dont les volumes ont encore baissé avec la retraite de Russie", résume Arnaud Aymé.
Dégager du cash pour l'électrique
Dans cette opération, Renault va dégager du cash – plusieurs milliards d’euros - pour financer sa coûteuse accélération sur l’électrique. "Renault a besoin d’argent pour financer son développement dans la mobilité électrique, c’est-à-dire la voiture électrique mais aussi le réseau de bornes de recharge. C’est aujourd’hui même que Renault annonce le développement en propre d’un réseau de bornes de recharge, résume Arnaud Aymé. Cela nécessite beaucoup d’argent et cet argent il faudra bien aller le récupérer quelque part". Rapporte BFM BUSINESS
En revanche, de par leur positionnement géographique différent – Nissan est très présent en Asie et en Amérique, Renault surtout en Europe – le chemin des deux alliés divergent sur l’avenir du thermique (un autre pan des discussions entre Renault et Nissan).
Une Alliance des coopérations?
Quel périmètre industriel recoupera alors l’Alliance après ce rééquilibrage financier? Quelle gouvernance adoptera-t-elle et quelle place aura notamment le 3e membre de cette Alliance, Mitsubishi?
Début 2022, l'Alliance avait annoncé un investissement commun de 23 milliards d'euros dans l'électrification, pour arriver à lancer 35 nouveaux modèles électriques d'ici à 2030. De nouveaux projets devraient également émerger, portant sur des zones géographiques et des segments de marché spécifiques. Ce qui amène certains observateurs à se demander: d’une Alliance certes parfois au point mort ne va-t-on pas passer à de simples coopérations?