Beyoncé à Marseille : « Le but c’est de voir le concert, pas de mourir », lâchent les fans en colère
Devant le Vélodrome, quelques dizaines de minutes avant le début du concert de Beyoncé, la fête s’est transformée en chaos, les fans dénonçant une « orga à chier »
Ce devait être un moment de joie, de fête, des minutes d’effervescence à hurler Drunk in Love, Single Ladies ou Break my Soul. Beyoncé les attendait, à quelques mètres de là, dans l’enceinte du stade Vélodrome, pour sa dernière date française. Les paillettes étaient de sortie, les tee-shirts du « Renaissance Tour World » bien en place. Mais les minutes qui ont précédé le concert de Queen B à Marseille se sont transformées en cauchemar pour le millier de spectateurs qui a attendu sur le parking P6, parfois depuis l’aube, en raison d’une organisation pour le moins chaotique.
« C’est le bordel », « l’organisation est à chier ! », « c’est n’importe quoi ! », etc. Les fans sont unanimes. Selon plusieurs témoignages, un important mouvement de foule des impatients croyant à une ouverture précoce des portes est survenu dans l’après-midi, sous une chaleur étouffante, en plein soleil. « Ils ont tous foncé vers les barrières, rapporte Eva. Moi, je suis partie deux minutes et j’ai laissé mon sac au milieu de la foule. Je peux même pas aller le récupérer » « Faut qu’on l’aime, Beyoncé, pour laisser nos affaires sur le parking comme ça », abonde sa voisine.
Aller au stade le dimanche, « ça n’a rien à voir avec un concert de Beyoncé »
Le mouvement de foule a rapidement réduit en miettes les quelques fragiles rubalises qui tentaient d’organiser la masse, installées en lieu et place des barrières qui dirigent habituellement la foule des concerts de cette ampleur. C’est d’ailleurs une spectatrice, Melissa, qui, voyant qu’aucune file n’était créée, a tenté d’elle-même d’organiser l’attente en numérotant un à un les spectateurs sur le poignet, dès le début de la journée. « Je suis arrivée à 4 heures du matin et j’avais anticipé que ça serait le bordel », explique-t-elle. « On s’est fait piétiner, s’agace Joyce, qui, au moment du mouvement de foule, a préféré s’en écarter malgré son numéro 284. Le but, c’est d’aller voir le concert de Beyoncé, pas de mourir. » « Et en plus, ils ne donnent pas de bouteilles d’eau, rien, et y a même pas de l’ombre », s’énerve Charlotte.
« Quand le mouvement de foule s’est produit, je suis allée voir les agents de sécurité, explique Juliette, très remontée. Ils étaient deux, assis, et ils ne foutaient rien. Je leur ai dit qu’il fallait qu’ils interviennent, qu’ils fassent quelque chose ! Ils ne voulaient pas au début. Ils disaient qu’ils ont l’habitude de gérer les matchs. Mais, moi, je vais au Stade tous les dimanches et ça n’a rien à voir avec un concert de Beyoncé ! Au match par exemple, les gens connaissent déjà les lieux, leurs places. Ici, pas du tout, ils ne connaissent rien ! » Certains sont venus en effet de très loin, parfois même de l’étranger, pour assister au second show français de leur Queen.
« J’ai le numéro 23 et je me retrouve derrière ceux qui sont là depuis une demi-heure »
Il faudra attendre quelques minutes après le mouvement de foule pour que des agents de sécurité viennent en renfort, ainsi qu’une poignée de policiers. « D’habitude, moi, je fais la sécurité à l’intérieur, confie Philippe*. Je me languis d’un seul truc, c’est qu’on me dise que je peux enfin partir ! » Les vigiles sont assaillis de questions des fans qui entendent à ce que les numéros sur leurs bras correspondent à leurs numéros d’entrée. « Je suis dégoûtée, confie Camille en brandissant son avant-bras. Je suis arrivée à 4 heures du matin. J’ai le numéro 23 et je me retrouve derrière des gens qui sont là depuis une demi-heure et ceux qui n’ont même pas de numéro ! » Les vigiles promettent de faire entrer les fans selon cet ordre d’arrivée.
17 heures approche. « Numéros, numéros, numéros », scandent les Beyhive. Et comme on pouvait s’en douter, dans cette masse compacte et désorganisée, les numéros ne deviennent qu’un lointain souvenir. La prime va à celui qui court le plus vite. « Putain, on a été numérotés comme des cochons à abattre, et y a des gens qui passent devant nous en ayant aucun numéro ! » A intervalles, réguliers, les vigiles poussent une barrière, créant un goulot d’étranglement dans lequel les fans s’engouffrent, écrasés par la foule qui pousse. « Ne courez pas ! » aboie un vigile « Arrêtez de vous tenir », hurle un autre. Les insultes fusent. A l’écart, un homme fait un malaise. Ce dimanche, le Vélodrome affichait complet, avec 55.000 spectateurs. Un fan parisien lance, à ses risques et périls : « Au Stade de France, c’était beaucoup mieux organisé. »