Élection présidentielle au Brésil : le second tour s'annonce très serré entre Lula et Bolsonaro
Les Brésiliens devront choisir, ce dimanche, entre le candidat d'extrême-droite, l'actuel président Jair Bolsonaro, et l'ex-président Lula, qui vient de fêter ses 77 ans.
Dans l'élection la plus polarisée de l'histoire du pays, les programmes comptent peu, le résultat est incertain et le risque de débordements réel.
Perché sur un camion au milieu d'une place de São João de Meriti, banlieue pauvre de Rio de Janeiro, Jair Bolsonaro harangue la petite foule réunie sous un soleil de plomb.
Ce jeudi 27 octobre, il réalise l'un de ses derniers événements de campagne et déroule ses classiques. Mais lors de ce discours bref, il insiste particulièrement sur la corruption.
Peu importe si toutes les condamnations de Lula ont été annulées, tous répètent en boucle: « Lula voleur, ta place est en prison ! ».
Au cœur de son succès en 2018, le thème a depuis perdu de sa prépondérance, mais le président en exercice cherche à raviver le souvenir de scandales passés pour amplifier son électorat au-delà de sa base déjà conquise.
Pour booster sa candidature, il a, depuis le début de la campagne, profité de sa position pour distribuer des aides sociales d'une ampleur sans précédent.
L'élan de Bolsonaro brisé
Pour autant, la dynamique de conquête enclenchée après les bons résultats surprise du premier tour semble s'être enrayée.
La fuite d'un projet du ministre de l'Économie de limiter l'augmentation du salaire minimum et la fusillade contre la police, déclenchée par un allié proche, le 23 octobre, ont brisé son élan et l'ont obligé à se mettre sur la défensive.
En face, le PT (parti des travailleurs) n'en demandait pas tant. Lula capitalise avec succès sur le bilan de ses gouvernements passés, mais avait du mal à bloquer la progression de son adversaire. Malgré une campagne plus efficace sur les réseaux sociaux, la domination du monde digital par son adversaire a compliqué sa tâche.
Dans l'entre-deux tour, Lula a par contre réussi à fédérer des personnalités bien au-delà de son parti, jusqu'à constituer une alliance des plus hétéroclites pour tenter d'attirer les électeurs des candidats du premier tour et les indécis.
Présidentielle au Brésil: un ex-élu du parti de Lula assassiné à deux jours du second tour
Lula en avance dans les sondages
Dans cette campagne basée sur le rejet de l'autre candidat, les programmes sont peu abordés. À peine évoqué, le destin de l'Amazonie se décide pourtant ce dimanche.
Avec Jair Bolsonaro, c'est la promesse d'une déforestation accélérée, quand Lula annonce vouloir lutter contre les crimes environnementaux.
Alors que les indécis sont peu nombreux, Lula part malgré tout avec un avantage, assure Claudemir Alves, professeur à l'UFMG (Université du Minas Gerais).
« Dans ce scrutin basé plus que jamais sur l'affect, aucun des deux candidats ne devrait réussir à convaincre massivement des électeurs du camp adverse de le rejoindre. Mais Lula doit avant tout gérer son avantage tandis que Jair Bolsonaro est condamné à l'exploit. »
Les derniers sondages confirment l'avance de Lula, avec 53% des voix contre 47% pour son adversaire.
Jair Bolsonaro fait du Donald Trump
Face à ces difficultés, Jair Bolsonaro cherche à décrédibiliser le scrutin et miner les institutions. À grands coups de fausses nouvelles autour du système de vote, de la Cour suprême ou de la justice électorale, il veut, comme son modèle Donald Trump, mobiliser sa base pour un « troisième tour » en cas de défaite.
À São João de Meriti, Victor en est persuadé : « S'il ne l'emporte pas, c'est qu'il y a eu fraude ! Et je suis prêt à descendre dans la rue pour le défendre. »
Pour beaucoup d'observateurs, la volonté du président de perturber la transition en cas de défaite ne fait aucun doute, reste à savoir l'ampleur de cette mobilisation.
Une large victoire de Lula pourrait minimiser les risques, mais rien n'est moins sûr alors que Jair Bolsonaro reste en embuscade et pourrait même créer la surprise.
Dans ce pays divisé comme jamais, le président élu ce dimanche aura, quoi qu'il arrive, d'énormes difficultés pour réduire les tensions, selon LaDepeche.