Côte d’Ivoire, Sénégal, Éthiopie… Dans quel pays le coût de la vie est-il le plus élevé ?
Si, en Afrique du Sud, le pouvoir d’achat est élevé malgré un coût de la vie modéré, sur le continent, nombre de pays ont pâti en 2023 des effets de l’inflation et d’une baisse de la croissance économique.
La Côte d’Ivoire, le Sénégal et l’Éthiopie se partagent le podium des pays africains où la vie coûte le plus cher sur le continent, d’après les derniers chiffres publiés en février sur la base de données en ligne Numbeo.
L'indice du coût de la vie, calibré par rapport à l'échelle de New York (base 100), mesure les coûts relatifs des biens et services en excluant le loyer. Il couvre spécifiquement les dépenses de consommation courante, la restauration, les transports et les services publics. Un indice supérieur à 100 indique que, toutes choses égales par ailleurs, dans un lieu donné, la vie y est plus coûteuse qu'à New York, alors qu'un indice inférieur signale qu'elle est moins chère, rapporte Jeune Afrique.
Le Pouvoir d’achat
Par exemple, un indice de 120 signifie que le coût de la vie est de 20 % supérieur dans le pays étudié par rapport à New York ; à l'inverse, un indice de 70 implique que le coût de la vie est comparativement 30 % moins cher.
Le pouvoir d'achat local indique quant à lui combien de biens et services peut acheter une personne rémunérée avec un salaire moyen, relativement à l'indice de base. Pour un pays donné, un indice de 40 signifie ainsi que ses résidents, avec un salaire moyen, peuvent acheter 60 % de produits de moins qu'un New-Yorkais dans les mêmes conditions.
Grandes inégalités
Depuis le début de l'année, la Côte d'Ivoire (8,5), le Nigeria (9,4) et l'Éthiopie (10,4) se distinguent comme étant les pays d'Afrique où le pouvoir d'achat local est le plus faible. Avec un salaire moyen, une personne peut acheter 91,5 % de biens et services en moins en Côte d'Ivoire que ce qu'une personne pourrait se permettre à New York, en assumant des conditions économiques relativement égales.
Le Sénégal s'affirme comme leader de la formation pétrole et gaz en Afrique de l'Ouest
À contrario, en Afrique du Sud, le pouvoir d'achat reste très élevé (84,6) malgré un coût de la vie modéré (33,8), suggérant une forte capacité économique des résidents. Ainsi, en moyenne, un Sud-Africain peut acheter 15,5 % de moins qu'un New-Yorkais dans les mêmes conditions, avec un coût de la vie qui y est moins élevé à 66 %.
Notons toutefois qu'il s'agit de moyennes, qui ne reflètent donc pas forcément le quotidien des habitants, marqués par de très fortes inégalités de revenus, avec un indice de Gini de 0,63 (sur une échelle où 0 symbolise une parfaite égalité), selon les données de la Banque mondiale.
Ainsi, d'après le dernier rapport d'Oxfam sur les inégalités, le 1 % des plus riches en Afrique du Sud capte près de 20 % des revenus totaux, et les 10 % des plus riches 65 %. Les 90 % restants de la population locale se partagent donc seulement 35 % des revenus nationaux. Dans ce contexte, le pouvoir d'achat réel de la majorité des Sud-Africains est nettement inférieur aux estimations moyennes.
Niveau de vie
Au Nigeria, le coût de la vie est bas (19,3), mais le pouvoir d'achat est faible (9,4), indiquant que les bas prix ne se traduisent pas nécessairement par une haute qualité de vie. Maurice est quant à lui le pays qui affiche le meilleur équilibre entre coût de la vie et pouvoir d'achat, indiquant qu'à salaire donné, ses habitants peuvent se permettre un niveau de vie plus confortable qu'ailleurs sur le continent.
Une année marquée par l'inflation
Après avoir occupé en 2023 la première place du coût de la vie, le Sénégal est passé cette année derrière la Côte d'Ivoire. De son côté, l'Égypte a vu son coût de la vie augmenter, dépassant celui de la Tunisie, du Kenya et du Nigeria, en cause principalement : les effets de l'hyperinflation.
L'année 2023 a été marquée par une escalade significative de l'inflation, en particulier en Afrique, où celle-ci a atteint 17,8%, soit une augmentation de 3,6 points par rapport à 2022, selon un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) datant de février dernier. En parallèle, la croissance économique a connu un ralentissement notable, passant de 4,1 % en moyenne à 3,2 %. Si les perspectives pour 2024 semblent plus prometteuses, laissant entrevoir une amélioration de la situation, l'inflation reste une préoccupation immédiate.
En janvier, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a enregistré un taux d'inflation annuel de 2,7 %, marquant une légère augmentation par rapport aux mois précédents (2,5 % en décembre 2023 et 2,4% en novembre). Cette tendance à la hausse pourrait perdurer, selon les prévisions de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), et affecter directement un pouvoir d'achat déjà mis à mal.