Ce que l'on sait sur Sergueï Choïgou, ministre russe de la défense
Le ministre russe de la défense est resté muet pendant la mutinerie menée par les mercenaires du Groupe Wagner.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’autorité de ce proche de Vladimir Poutine s’est considérablement affaiblie, rapporte Le Monde.
Une cible
Ministre russe de la défense lors des deux guerres emblématiques de Vladimir Poutine, en Ukraine dès 2014, puis, l’année suivante, en Syrie, l’image de Sergueï Choïgou, 68 ans, se fracasse subitement avec l’invasion des troupes russes sur le sol ukrainien, en février 2022.
Les échecs accumulés face à la résistance des Ukrainiens, les exactions commises par ses soldats, le coût exorbitant des pertes le désignent comme une cible sur laquelle, Evgueni Prigojine, le chef du Groupe Wagner, s’acharne jusqu’à le traiter publiquement de « salope ».
Pendant les vingt-quatre heures qu’a duré la rébellion armée des mercenaires d’Evgueni Prigojine sur le territoire de la Russie, le 24 juin, le responsable des forces russes est resté muet et invisible. Suprême humiliation pour ce fidèle du chef du Kremlin.
Un civil
Sergueï Choïgou croule sous les médailles comme un général soviétique alors même qu’il n’a jamais été militaire. En 2012, lorsqu’il prend les commandes du ministère de la défense, nommé par Vladimir Poutine, cet ingénieur de formation hérite d’une armée décriée et rongée par la corruption dont il n’aura de cesse de modifier l’image.
Il réintroduit l’uniforme soviétique de 1945 – « l’uniforme du vainqueur » –, innove en se signant lors des défilés sur la place Rouge et convertit l’institution à la haute technologie avec la création d’un cybercommandement.
Un politique
Originaire de Touva, une région aux confins de la Sibérie proche de la Mongolie, où il est né en 1955, Sergueï Koujouguétovitch Choïgou délaisse rapidement l’emploi de modeste fonctionnaire qu’il y occupait. La fin de l’URSS est propice aux ambitieux.
À peine arrivé à Moscou, il se hisse dans l’orbite du pouvoir du président de la Fédération de Russie, Boris Eltsine, et devient ministre des situations d’urgence, un fauteuil qu’il occupera pendant plus de dix ans.
En parallèle, il dirige le parti Unité, créé de toutes pièces en 1999 par l’ancien oligarque Boris Berezovski, pour mener Vladimir Poutine au Kremlin.