Ce que l'on sait sur le ballon ''espion'' chinois abattu par les Etats Unis
Pourquoi la Chine utilise-t-elle un ballon pour "espionner" les États-Unis ?
Si l'utilisation de ballons stratosphériques à des fins d'espionnage peut paraître anachronique, les récents progrès technologiques en font aujourd'hui de puissants outils de surveillance, bien moins chers que des satellites.
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Des îles Aléoutiennes aux côtes de Caroline du Sud en passant par le Canada, c'est un long périple qu'aura parcouru ce ballon stratosphérique avant d'être abattu samedi 4 février par un avion de combat américain. Pour la Chine, dont il est originaire, ce ballon n'est qu'un simple engin civil destiné à la recherche scientifique, notamment météorologique, qui a dévié de sa trajectoire. Pour le Pentagone, cela ne fait aucun doute : c'est un engin espion utilisé par Pékin "dans une tentative de surveiller des sites stratégiques" aux États-Unis. Son incursion dans l'espace aérien "n'était pas un accident, c'était délibéré", a soutenu l'ancien chef d'État-major américain Mike Mullen sur ABC. Un ballon similaire, lui aussi chinois, a été aperçu en train de survoler l'Amérique latine.
Alors que la marine américaine recherche les débris pour les analyser, le gouvernement chinois a accusé Washington d'avoir "gravement" porté atteinte aux relations bilatérale en abattant l'engin et se "réserve le droit" de répliquer.
Les ballons, de puissants outils de surveillance
De prime abord, l'aéronef ressemble à un ballon-sonde météo habituel. Mais des éléments diffèrent : sa charge utile, bien visible de par sa taille imposante, est constituée d'outillage électronique pour le guidage et la surveillance, ainsi que de panneaux solaires pour alimenter l'ensemble, relève à l'AFP William Kim, spécialiste des ballons de surveillance au centre de réflexion Marathon Initiative de Washington.
Alors que la technologie satellitaire moderne permet aujourd'hui la collecte de données en temps réel, l'utilisation de ballons espions peut sembler anachronique. Ce mode de surveillance date d'ailleurs de la Seconde guerre mondiale et a beaucoup été utilisé pendant la guerre froide. Ils sont néanmoins de puissants outils et, ces dernières années, les projets et expérimentation de surveillance grâce aux ballons de haute altitude se multiplient – les États-Unis en ont notamment déployé une vingtaine en 2019 pour traquer les voitures et les bateaux des trafiquants de drogue et ont récemment augmenté leur budget consacré à ces aéronefs, passant de 3,8 millions de dollars à 27,1 millions de dollars pour 2023.
Grâce aux récents progrès dans la miniaturisation des composants électroniques, les charges utiles pèsent moins lourd et les ballons peuvent être plus petits. "Ils sont faits en matériaux qui ne réfléchissent pas la lumière, ils ne sont pas en métal. Donc même s'ils peuvent être plutôt gros [...] les détecter sera une difficulté", complète William Kim. Outre l'avantage de passer inaperçu, ils sont aussi "moins et chers plus faciles à lancer que des satellites", ajoute à CNN Peter Layton, membre du Griffith Asia Institute et ancien officier de la Royal Australian Air Force. Ils sont également soumis à moins de restrictions et de réglementations que les drones.
Autre atout des ballons : ils peuvent être dirigés à distance grâce à l'intelligence artificielle (IA). L'ordinateur embarqué à bord, alimenté par les panneaux solaires, peut changer d'altitude pour tirer parti des vents, arriver à une destination désirée ou rester en position stationnaire pendant des mois. Si les satellites sont tout aussi performants, ils sont de plus en plus vulnérables aux attaques, et leurs mouvements sont plus prévisibles part leur trajectoire orbitale. Rapporte Geo.fr