Chine - Russie: Xi Jinping s'exprime sur les relations Sino-russes
Le président chinois Xi Jinping sera en visite à Moscou, du 20 au 22 mars, pour examiner "la coopération stratégique" avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Officiellement neutre, la Chine ne cesse de renforcer ses liens avec la Russie, malgré la guerre en Ukraine, qu’elle a refusé de condamner.
Comme l’explique à L’Express Zhao Tong, chercheur au Carnegie Endowment for International Peace, Pékin garde comme priorité stratégique son opposition aux Etats-Unis.
Pourquoi "l’amitié" entre les régimes russes et chinois se maintient malgré la guerre ?
Zhao Tong : La Chine et la Russie partagent une même lecture, une même vision des affaires mondiales. Malgré la guerre en Ukraine, la communauté internationale ne doit pas s’attendre à beaucoup de changement de la position chinoise vis-à-vis de la Russie, qu’elle n’abandonnera pas pour améliorer pour ses relations avec les pays occidentaux. Tout simplement parce que la Chine considère la Russie comme son coéquipier contre les Etats-Unis.
Pourquoi la Chine ne peut-elle se permettre un effondrement du régime de Poutine ?
Il faut bien comprendre que la perception chinoise de la guerre, c’est que les Etats-Unis et les pays occidentaux utilisent ce conflit pour affaiblir la Russie.
Pour la Chine, c’est l’objectif fondamental des Américains. Elle craint qu’une fois la Russie battue, ceux-ci cibleront la Chine et mettront une pression semblable pour contenir son développement.
Elle craint aussi qu’une défaite de la Russie mène au remplacement de Vladimir Poutine par des dirigeants pro-occidentaux, prêts à changer le positionnement stratégique de la Russie en faveur des Etats-Unis.
Cela changerait l’équilibre actuel des puissances au niveau international au détriment de la Chine, ce qu’elle considère comme ce qui la plus grande menace à long terme.
Pour autant, quels bénéfices la Chine peut-elle tirer de l’affaiblissement du régime de Poutine ?
Elle essaye d’exploiter la situation au mieux. Une Russie affaiblie dépendra plus de la Chine, avec un accès plus favorable au pétrole et au gaz russe. Elle aura aussi plus de poids dans la relation bilatérale russo-chinoise.
Certains nationalistes imaginent que cela lui permettra d’étendre son influence dans la partie est de la Russie, où se trouve des territoires que la Chine a contrôlé par le passé.
Cependant, la Chine pense avant tout qu’une Russie affaiblie serait surtout moins utile pour contrer l’influence des Etats-Unis.
Cela lui permettra-t-elle aussi de mettre la main sur certaines technologies russes ?
Il sera de plus en plus difficile pour une Russie affaiblie de refuser certaines demandes de la Chine concernant des technologies sensibles sur lesquelles les Russes ont de l’avance. Certaines intéressent beaucoup Pékin, que ce soit la motorisation des avions, ou l’ingénierie sous-marine et nucléaire.
En plus du déplacement à Moscou, Xi Jinping pourrait prendre au téléphone le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Une première depuis l’invasion…
Un tel geste diplomatique permettrait de faire contrepoids à la visite du président chinois à son homologue russe. Car cette rencontre ne va pas être bonne pour l’image de la Chine au niveau international. Elle a déjà essayé de réduire l’impact négatif de son positionnement avec un document en 12 points à propos de la guerre en Ukraine.
Mais il ne s’agit pas d’une feuille de route pour la résoudre. Il semble peu probable que la Chine puisse obtenir un arrêt de la guerre à court terme. Sa priorité, c’est son image internationale. Elle veut apparaître comme un leader dans la promotion de la paix.
Et à long terme, la Chine pourrait-elle jouer un rôle de premier plan pour la fin de la guerre ?
Ce sera à l’Ukraine et à la Russie de décider quand et comment ils veulent mettre fin à la guerre et les concessions possibles pour redessiner les frontières. Peut-être que la Chine pourra jouer un rôle à ce moment-là. Peut-être attend-elle que les deux parties soient épuisées par d’intenses combats et n’aient plus la capacité de faire des progrès sur le champ de bataille.
Dans ce cas, Pékin serait en bonne position pour jouer les médiateurs et négocier un cessez-le-feu. Mais n’oublions pas que jusqu’à présent, Xi n’a pas eu d’influence sur l’obsession de Poutine à conquérir le territoire ukrainien. Selon L'express.