Chine: Xi Jinping a causé une grosse crise immobilière
Pilier de la deuxième économie mondiale, le logement est victime de la politique zéro-Covid. Le président chinois s'entête, après avoir déjà purgé le secteur de la tech. Et le krach menace.
A quelques semaines du XXe congrès du Parti communiste chinois qui devrait accorder un troisième mandat à Xi Jinping, un problème déjà préoccupant prend des proportions de plus en plus alarmantes. Le secteur immobilier, qui représente un cinquième du PIB, s'enfonce dans la crise, avec une baisse de 29% de la valeur des logements en un an.
>>> Taïwan: à l'ONU, la Chine promet des actions «déterminées» pour empêcher toute «interférence»
En 2020, Pékin avait imposé des limites aux montants que pouvaient emprunter les promoteurs. L'idée était de freiner les risques pris par les professionnels et de dissuader les spéculateurs. Xi Jinping martelait alors que "le logement est fait pour l'habitation, pas pour la spéculation" . Ce plan, dit des "lignes rouges" , n'a permis ni de satisfaire la demande de logements, ni de calmer l'appât du gain qui motive certains responsables officiels et les promoteurs, souvent très proches. Les choses ont commencé à mal tourner l'an dernier avec le défaut de paiement du mastodonte immobilier Evergrande. Aujourd'hui, la crise est devenue politique, puisque c'est bien le pouvoir central qui en porte la responsabilité.
Une bonne partie du problème tient en effet à l'entêtement du président chinois à mener sa politique zéro-Covid. En s'obstinant à vouloir enrayer les contaminations par le confinement strict de villes entières, le pouvoir a déstabilisé le secteur, et l'économie en général.
La crise est devenue politique
Le gouvernement central a certes tenté de réagir. Il a réduit les taux d'intérêt et permis aux responsables locaux d'assouplir les restrictions sur qui peut acheter des biens immobiliers - et la façon de le faire. Il encourage également, dans tout le pays, la reprise des chantiers inachevés. Mais les autorités locales manquent de moyens pour réellement améliorer les choses, notamment parce que le ralentissement de l'immobilier se traduit par une baisse des recettes qu'elles perçoivent sur les ventes de terrains. La crise est devenue politique, car c'est le pouvoir central qui a déstabilisé le secteur, et l'économie en général. Rapporte Challenges.
Le marché immobilier chinois doit être réorganisé. Les gouvernements locaux doivent trouver d'autres sources de revenus afin de s'affranchir de leur dépendance à l'égard des ventes foncières. Le versement d'acomptes pour l'achat d'un appartement non encore construit doit être mieux encadré afin d'éviter les risques de fraude et les défauts.
Avec le pic démographique et le ralentissement de l'exode vers les villes, toute l'attention devrait se porter sur la façon d'exploiter au mieux le stock de logements existants.
Sur le court terme, toutefois, les autorités n'ont guère d'autre choix que de mettre en place un vaste plan de sauvetage. Le gouvernement veut que les organismes publics comme la China Development Bank prêtent aux entités liées aux autorités locales, lesquelles pourront à leur tour aider les promoteurs à fournir des garanties. Pour l'instant, cette crise menace de se transformer en krach. Et c'est un nouvel exemple, après le zéro-Covid et la purge appliquée aux entreprises technologiques, de la façon dont Xi Jinping inflige ses mauvaises décisions à la deuxième économie du monde.