Climat : l’alimentation représente au moins 15 % de la demande globale d’énergies fossiles
Une évaluation menée par la Global Alliance for the Future of Food chiffre pour la première fois la forte dépendance des systèmes alimentaires aux combustibles fossiles.
La prochaine conférence mondiale sur le climat (COP28), programmée du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï (Emirats arabes unis), devrait raviver le bras de fer sur les énergies fossiles, dont la sortie est indispensable pour espérer limiter le réchauffement à 1,5 °C, mais qui se heurte à la résistance de plusieurs Etats pétroliers et gaziers.
Pour apporter des arguments aux négociateurs de la COP28, une alliance de fondations, la Global Alliance for the Future of Food (GAFF, qui compte parmi sa trentaine de membres les fondations Rockefeller, Heinrich Boll, Ikea ou encore Daniel et Nina Carasso), évalue, jeudi 2 novembre, le poids des systèmes alimentaires à au moins 15 % de la consommation mondiale de combustibles fossiles.
« La part de l’alimentation dans le recours aux énergies fossiles n’avait jamais été calculée auparavant de façon globale, explique Patty Fong, directrice des programmes de la GAFF.
On sait que la présidence émiratie de la COP28 veut faire de l’agriculture et l’alimentation une priorité : c’est une opportunité, mais il y a un risque important de greenwashing de la part d’un Etat qui est un grand producteur de pétrole et de gaz. »
Avec ce rapport, la GAFF montre que la sortie des énergies fossiles ne sera pas possible sans une transition des systèmes alimentaires, qui représentent plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre.
De même que la transition de l’agriculture ne pourra se passer d’une réflexion sur sa dépendance aux combustibles fossiles, rapporte Le Monde.
« Ce rapport est très novateur et opportun, commente Molly Anderson, membre du Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-food) et professeure à l’université Middlebury, aux Etats-Unis, qui n’a pas participé aux travaux de la GAFF.
Jusqu’à présent, les personnes qui travaillaient sur l’alimentation et l’énergie étaient mal coordonnées, or elles doivent agir ensemble si on veut espérer limiter le changement climatique. Ces travaux de la GAFF apportent des arguments incontestables sur les actions à entreprendre. »
« Une forte expansion de la pétrochimie »
Selon l’évaluation de la GAFF, la dépendance aux énergies fossiles est manifeste tout au long de la chaîne alimentaire.
Les étapes les plus consommatrices en énergies fossiles sont celles de la transformation et du conditionnement (42 %), suivies par la distribution et le gaspillage alimentaire (38 %). En vingt ans, la distance parcourue par notre alimentation s’est rallongée de 25 %, augmentant les émissions de gaz à effet de serre liées au transport.
Nos régimes ont aussi évolué vers une consommation accrue de produits transformés, emballés et industrialisés, et la tendance a gagné les pays à faibles et moyens revenus.