Climat : la mortalité humaine liée à la chaleur devrait augmenter de 370 % d’ici 2050 selon étude
Un nouveau rapport scientifique de référence publié ce mercredi 15 novembre dans la revue The Lancet estime que la mortalité humaine liée à la chaleur devrait augmenter de 370 % d’ici 2050
C’est un véritable "compte à rebours sur la santé et le changement climatique", comme le titre The Lancet. La revue scientifique britannique a publié, ce mercredi 15 novembre, la huitième version de son rapport de référence sur les conséquences du réchauffement climatique.
En accès libre, cette étude mise à jour tous les ans combine le travail de 114 chercheurs issus des quatre coins du monde. Un document de référence sur le réchauffement climatique, qui présage à nouveau que "la santé de l’humanité est en grave danger" : cinq fois plus de personnes risquent de mourir sous l’effet de la chaleur extrême, si les températures augmentent de 2 °C d’ici 2050. Un scénario encore optimiste, alors que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des records l’année dernière, a alerté l'ONU ce mercredi qui appelle à réduire d'urgence la consommation de combustibles fossiles
Explosion du nombre de décès liés à la chaleur depuis 30 ans
Au-delà de faire des projections dramatiques sur notre futur, cette huitième version du "compte à rebours" de The Lancet fait d’abord écho à notre présent. En effet, le rapport fait cette projection en se basant sur la multiplication récente des vagues de chaleurs dangereuses pour la santé. En 2022, les habitants du monde entier ont ainsi été exposés à une moyenne de 86 jours de températures potentiellement mortelles.
Face à des étés toujours plus chaud, la mortalité chez les populations à risque a donc explosé depuis 30 ans. Comme le révèle ce rapport, le nombre de personnes de plus de 65 ans décédées à cause de la chaleur a bondi de 85 % entre 1991-2000 et 2013-2022. Ainsi, "les personnes âgées et les nourrissons sont désormais exposés à deux fois plus de jours de canicule par an qu’entre 1986 et 2005", rapporte le quotidien américain New York Times dans un article dédié à l’étude. Un phénomène qui s’est encore observé en 2023, qui s’annonce comme l’année la plus chaude de l’histoire de l’humanité, selon l’Observatoire européen du climat.
L’étude prévoit qu’un réchauffement de 2 °C d’ici 2100 provoquerait une surmortalité inévitable : le nombre de décès en lien avec la chaleur devrait augmenter de 370 % d’ici 2050, soit une multiplication par 4,7. Un scénario qui pourrait malgré tout s’aggraver, alors que les températures moyennes terrestres sont actuellement en voie d’atteindre 2,7 °C d’ici 2100.
Un effet papillon dévastateur dans les pays pauvres
D’autant plus que la chaleur fatale n’est qu’une des multiples menaces pour la santé humaine résultant de notre usage croissant des combustibles fossiles, selon cette étude. Le rapport présente en effet 47 indicateurs d’augmentation de la mortalité liés à la hausse globale des températures. La chaleur excessive provoque d’abord des sécheresses plus fréquentes, exposant des millions de personnes au risque de mourir de faim. Selon les projections du "compte à rebours" de The Lancet, environ 520 millions de personnes supplémentaires se retrouveraient en insécurité alimentaire modérée ou grave d’ici 2050.