Haut-Karabakh : cinq dates phares du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Alors que l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont décidé ce jeudi 7 avril de s’engager dans des pourparlers de paix, retour sur l’histoire du conflit qui oppose les deux nations au Haut-Karabakh.
La république autoproclamée du Haut-Karabakh est une enclave à majorité arménienne située dans la République d’Azerbaïdjan.
Depuis les années 1920 et son rattachement par l’Union soviétique à l’Azerbaïdjan, ce territoire a été au centre d’un conflit persistant entre Erevan et Bakou.
Le 4 juillet 1921, l’URSS rattache le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan
L’URSS prend le contrôle de l’Azerbaïdjan en avril 1920, puis de l’Arménie en novembre.
Le Haut-Karabakh est rattaché le 4 juillet 1921 à l’Azerbaïdjan, bien que le territoire soit à cette époque peuplé à 94 % d’Arméniens, d’après l’ouvrage de l’historienne Anahide Ter Minassian, 1918-1920 : La république d’Arménie.
À partir de 1923, le Haut-Karabakh devient un oblast (une région) autonome. Il reste toutefois intégré à l’Azerbaïdjan soviétique.
D’après l’historien Michel Marian, interrogé par le site Historia, ces décisions sont liées à des calculs politiques de Joseph Staline, désireux notamment de se rapprocher de la Turquie, proche des Azéris.
Le 20 février 1988, le Haut-Karabakh rompt avec l’Azerbaïdjan soviétique
Le Haut-Karabakh profite de la perestroïka, une période d’ouverture politique en URSS, pour s’autoproclamer République socialiste soviétique en février 1988.
Il ne s’agit pas d’une indépendance complète, puisque la région accepte de demeurer sous le giron de Moscou, mais d’une tentative de couper les liens avec l’Azerbaïdjan.
Bakou demande quelques mois plus tard, en juin, le retour du Haut-Karabakh dans son territoire. Des violences éclatent dans le pays.
Le pogrom anti-arménien de Soumgaït fait notamment 32 victimes civiles, d’après les chiffres donnés par les autorités soviétiques et plus de 200 d’après les sources arméniennes.
Le 26 novembre 1991, la première guerre éclate
En novembre 1991, quand l’Arménie et l’Azerbaïdjan obtiennent leur indépendance de l’URSS, le Parlement de Bakou abolit le statut d’autonomie de l’oblast du Haut-Karabakh.
La majorité de la population arménienne de la région déclare son indépendance par référendum en tant que République du Haut-Karabakh.
Des combats à grande échelle ont lieu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan à partir de la fin de l’hiver 1992. À la fin de la guerre, en 1994, Erevan contrôle une grande partie de l’enclave du Haut-Karabakh ainsi que sept districts à majorité azérie en dehors du territoire historiquement arménien, soit 9 % du territoire total de l’Azerbaïdjan.
Le cessez-le-feu, orchestré par les Russes, intervient en mai 1994.
La période qui suit, entre 1994 et 2020, est marquée par de nombreux affrontements entre les deux pays. Le Haut-Karabakh entretient la fiction de son indépendance mais bénéficie en fait du soutien constant de la République d’Arménie.
En avril 2016, des combats avec l’Azerbaïdjan auraient fait 350 morts, d’après le département d’État américain, sans faire bouger les lignes.
Le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan contre-attaque
En septembre 2020, après plusieurs mois de tension, l’Azerbaïdjan déclenche plusieurs assauts terrestres d’envergure contre le Haut-Karabakh.
Grâce au soutien de la Turquie, Bakou prend rapidement le dessus.
Le premier ministre arménien Nikol Pachinian accepte le 9 novembre 2020 de signer un accord de fin des hostilités sous l’égide de la Russie.
L’Azerbaïdjan conserve les territoires conquis (dont une partie du Haut-Karabakh) et récupère la totalité des sept districts à majorité azérie contrôlée par l’Arménie depuis 1994.
Erevan conserve un droit d’accès au Haut-Karabakh au niveau du corridor de Latchine.
Depuis le 10 novembre 2020, une situation tendue
Un conflit frontalier est encore en cours depuis la signature des accords du 10 novembre 2020.
Le 12 mai 2021, des soldats azerbaïdjanais se sont déployés en Arménie, saisissant 41 kilomètres carrés du territoire d’Erevan. En juillet, des affrontements ont eu lieu, faisant des dizaines de morts.
Alors que la guerre en Ukraine fait peser de graves menaces sur la sécurité de la région, l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan de perturber la livraison de gaz au Haut-Karabakh le 8 mars dernier. Le 24 mars, les forces de Bakou ont également occupé le village de Farukh, selon LaCroix.