Bousculade mortelle à Séoul : que s'est-il passé ce jour là ?
Ce samedi 29 octobre, une bousculade mortelle a fait plus de 150 morts à Séoul, où des dizaines de milliers de fêtards célébraient Halloween, une première depuis la pandémie.
Comment expliquer un tel drame ? Mehdi Moussaïd, chercheur spécialisé dans le comportement des foules à l'institut Max Planck de Berlin a livré son analyse.
Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a promis ce dimanche 30 octobre une enquête "rigoureuse" sur le mouvement de foule qui a fait 154 morts la veille au soir à Séoul, où des dizaines de milliers de fêtards, pour la plupart très jeunes, célébraient Halloween pour la première fois depuis la pandémie. Les images du drame montrent des corps alignés sous des couvertures et des pompiers débordés pratiquant des massages cardiaques pendant que des personnes déguisées courent paniquées.
Comment expliquer un tel phénomène ? Quelles peuvent en être les causes ? Pour Mehdi Moussaïd, chercheur spécialisé dans le comportement des foules à l'institut Max Planck de Berlin et vulgarisateur sur YouTube, ce drame n'a d'abord rien d'inhabituel.
"C'est un phénomène que l'on a déjà observé à la Mecque (en Arabie saoudite) ou dans certains festivals", explique le scientifique. "Il y a simplement trop de monde par rapport à l'espace disponible. On atteint vite une densité critique à partir de laquelle des bousculades surviennent et se propagent de proche en proche."
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- Par la suite, "ces vagues de bousculades compressent les gens les uns contre les autres. Ces derniers n'arrivent plus à respirer, et de premières personnes s'évanouissent. Ensuite, cet effet se propage dans la foule comme pour des dominos", analyse Mehdi Moussaïd.
"Certains sont si serrés que leurs poumons n'ont plus assez d'espace pour se remplir"
Selon lui, pour comprendre ce genre de phénomène, il vaut mieux chercher du côté de la "mécanique physique des foules" que de celui de la panique générale, hypothèse pourtant avancée par plusieurs médias. "Dans ces situations critiques, la foule devient un système physique.
Les sciences comportementales ou la psychologie ne s'appliquent plus. On assiste, très simplement, à un effet de mécanique de fluide. On le voit lorsque des gens souhaitent s'enfuir ou se diriger dans une certaine direction : ils ne peuvent juste pas bouger. Personne n'a de liberté de mouvement : les gens sont obligés de suivre les forces de pression appliquées sur leurs corps".
Mais de quoi meurt-on précisément dans une foule compacte ? "99 % des victimes sont des gens qui manquent d'oxygène", explique le chercheur. "Certains sont si serrés que leurs poumons n'ont plus assez d'espace pour se remplir. Dans un premier temps, on s'évanouit. Puis, si on continue à manquer d'air, on meurt..."
La faute des autorités ?
Alors que la Corée du Sud pleure ce lundi les victimes de la bousculade, les critiques fusent à l'encontre des autorités accusées de laxisme dans le maintien de l'ordre et le contrôle de la foule le soir du drame. Toutefois, pour Mehdi Moussaïd, il était difficile de contrôler un tel phénomène. "Accuser les autorités est envisageable lorsque de tels drames surviennent lors d'événements préparés, organisés à l'avance, comme des festivals", analyse-t-il.
Or, "dans le cas de Séoul, c'est plus difficile : ces rassemblements n'étaient pas planifiés par la ville, et sont survenus en milieu urbain. Les gens sont juste descendus spontanément dans les rues. Pour les secours, c'est selon moi l'un des cas les plus difficiles à gérer", conclut-il, selon LaDepeche.