Corse: Pourquoi toutes ces violences qui secouent l'île?
Près de deux semaines après l’agression d’Yvan Colonna dans une prison française, manifestations et heurts se multiplient en Corse.
La situation, tendue, donne un nouveau souffle aux revendications complexes qui s’y sont enracinées depuis des années.
Le 2 mars, le militant nationaliste corse Yvan Colonna a été agressé violemment dans une prison des Bouches-du-Rhône par un codétenu emprisonné pour terrorisme, selon SudOuest.fr.
Depuis l’annonce de la nouvelle, les manifestations se sont multipliées sur l’île de Beauté à l’appel d’étudiants, d’organisations nationalistes ou de syndicats accusant l’État de porter une lourde responsabilité, écrit le même site.
Il y a quelques jours, la situation s’est aggravée sur l'île. Un ferry transportant du matériel de gendarmerie et quelques gendarmes a été bloqué.
De nombreux lycées ont été bloqués et des violences ont surgi lors de rassemblements organisés partout sur l’île, rappelle SudOuest.
Le gouvernement tente l’apaisement
La manifestation organisée le dimanche 13 mars à Bastia a viré à « l’émeute », selon le procureur de Bastia, avec un bilan final de 67 blessés dont 44 membres des forces de l’ordre.
Un incendie a même été déclenché à l’hôtel des impôts par les émeutiers avant d’être éteint par les pompiers, rapporte la même source.
Ils étaient 7 000 à 12 000 à brandir des drapeaux frappés de la tête de Maure.
Avant que la situation ne s’envenime, le premier ministre Jean Castex avait pourtant levé le statut de « détenu particulièrement signalé » de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, condamnés à la perpétuité, tout comme Yvan Colonna, pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Une décision prise par « esprit d’apaisement », ajoute SudOuest.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé ce lundi 14 mars qu’il se rendra en Corse dans la semaine.
Le but ? « Ouvrir » un « cycle de discussions ».
Le gouvernement a « entendu les demandes des élus sur l’avenir institutionnel, économique, social ou culturel » de l’île, a-t-il assuré.
Les nationalistes corses, divisés entre autonomistes et indépendantistes, sont au pouvoir dans l’île depuis 2015.
Ils demandent un « statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice », avec quatre priorités : le pouvoir législatif et fiscal, la co-officialité de la langue corse au côté du français, l’achat de biens immobiliers réservé aux seuls résidents et l’amnistie d’Yvan Colonna.