Côte d’Ivoire : Une croissance économique au coeur des Inégalités (Infographie)
L’agence de notation panafricaine Bloomfield Investment Corporation recommande d’investir dans le pays, en dépit de la baisse de l’indice de développement humain et une situation politique toujours incertaine.
C’est un colloque relativement discret qui s’est tenu à l’hôtel Ivoire d’Abidjan : une salle aux proportions modestes, deux ministres seulement aux rangs des panélistes et une couverture médiatique restreinte.
Pourtant, les conférences annuelles « Risque pays » de l’agence de notation panafricaine Bloomfield Investment Corporation, installée dans la métropole ivoirienne, sont depuis 2017 sur un événement attendu pour situer l’état des économies du continent.
Le rapport publié à cette occasion est destiné à établir « une cartographie du risque d’investissement » en croisant l’analyse des performances des finances publiques, du système financier et du risque sociopolitique du pays. Des critères sur lesquels la Côte d’Ivoire s’est avérée globalement performante en 2023, selon Bloomfield qui lui attribue la note de 6,5 sur 10, en légère hausse depuis 2022 (6,2), et dit « recommander l’investissement dans le pays ».
Mais le président de l’agence, Stanislas Zézé, souligne également les faiblesses de l’économie ivoirienne et la régression de l’indice de son développement humain, suscitant des doutes sur la capacité de la Côte d’Ivoire à maintenir sa croissance sur le long terme. Une analyse qui a suscité une pointe d’irritation de la ministre du plan et du développement, Nialé Kaba, assise au premier rang de l’assistance.
Sur les performances macroéconomiques, « la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus performants d’Afrique, avec un taux de croissance attendu à 7 % en 2023 », a d’abord salué Stanislas Zézé. Mais l’entrepreneur aux incontournables chaussettes rouges a également pointé la vulnérabilité aux effets du changement climatique d’une économie principalement agricole.
Les bouleversements du climat devraient faire perdre à la Côte d’Ivoire 3 à 4,5 % de son PIB par an en moyenne, d’après les projections du gouvernement sur la période 2020-2030, un chiffre qui pourrait même dépasser 12 % du PIB d’ici à 2050.
Le service de la dette, « une inquiétude à surveiller »
L’industrialisation effectue quant à elle des progrès « lents », avec un secteur secondaire poussif tiré par la bonne tenue de l’activité extractive (+ 18,7 %). Une performance « grandement améliorée » par la découverte des gisements de pétrole et de gaz, Baleine et Calao, a signalé Stanislas Zézé, qui « font entrer la Côte d’Ivoire dans la catégorie des grands producteurs d’hydrocarbures ».
Sur la gestion des finances publiques, le président de Bloomfield a salué des recettes budgétaires en hausse de 17,4 % par rapport à 2022, mais rappelé que l’endettement total représentait 55,9 % en septembre 2023.
« Bien que l’endettement total reste sous le seuil critique de 70 % du PIB, a reconnu M. Zézé, le service de la dette par rapport aux recettes fiscales est en hausse de 68 % et devient une inquiétude à surveiller à court et moyen terme. » Notamment car moins de 10 % des actifs subissent l’intégralité de la pression fiscale dans une économie à près de 90 % informelle.