Un coup d’État au Gabon ? Des militaires annoncent la dissolution des institutions
Ali Bongo, président du pays depuis 2009, avait été réélu quelques heures plus tôt avec 64 % des voix.
Nouveau putsch sur le continent africain. Quelques heures après la réélection d’Ali Bongo à la tête du Gabon, annoncée ce mercredi 30 août au milieu de la nuit, un groupe d’une douzaine de militaires a annoncé, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 – abritée au sein de la présidence –, l’annulation des élections et la dissolution de « toutes les institutions de la République », du gouvernement à l’Assemblée nationale en passant par la Cour constitutionnelle.
Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba a été placé « en résidence surveillée » et est entouré de sa famille et de ses médecins ont précisé les putschistes. L’un de ses fils a été arrêté, pour « haute trahison ».
Dénonçant « une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos », les militaires annoncent avoir « décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place ». « À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés. » selon huffingtonpost.
Ces hommes ont indiqué qu’ils s’exprimaient au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions », et annoncé que les frontières du pays étaient « fermées jusqu’à nouvel ordre ». Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence, reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers.
Élection contestée
Pendant cette déclaration, des journalistes de l’AFP ont entendu des tirs d’armes automatiques à Libreville. Quelques heures plus tard, Internet a été rétabli dans le pays, trois jours après avoir été coupé par le gouvernement qui invoquait des risques de violences le jour de la présidentielle.
Ce qui ressemble à un coup d’État survient après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle, qui a vu le chef de l’État Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans, obtenir un troisième mandat avec 64,27 % des suffrages exprimés. Le sortant a battu son principal rival Albert Ondo Ossa, qui n’a recueilli que 30,77 % des voix mais avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait alors déjà la victoire.
Ces résultats officiels ont été égrenés en plein milieu de la nuit sur la télévision d’État, sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. En plein couvre-feu, donc, et alors que l’internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion « de fausses nouvelles » et à d’éventuelles « violences ».