Covid-19 : la course au vaccin ne doit pas faire oublier les traitements !
Les vaccins ne seront pas déployés largement avant plusieurs mois, selon Odile Duvaux
Soutenir le déploiement des vaccins sans souligner l’importance des traitements contre le coronavirus serait une erreur. Les vaccins ne seront pas déployés largement avant plusieurs mois, et ne pourront pas couvrir les besoins de toute la population du globe.
Elle focalise l'attention des médias comme du grand public et l'on comprend pourquoi. La course mondiale au vaccin contre la Covid-19 rassemble tous les ingrédients d'un feuilleton trépidant : des millions de vies en jeu, une rivalité technologique exacerbée entre les grandes puissances et des chiffres spectaculaires, avec des taux d'efficacité annoncés supérieurs à 90 %... et des milliards d'euros de chiffre d'affaire pour les laboratoires qui les développeront...
Il serait pourtant dramatique que cette bataille en occulte une autre, tout aussi importante. Aujourd'hui encore, le coronavirus entraîne une hospitalisation chaque minute, une admission en réanimation toutes les six minutes. « Nous devons continuer d'améliorer la prise en charge et le traitement dès le diagnostic [...] pour réduire encore davantage les formes graves » a martelé Emmanuel Macron lors de son allocution du mardi 24 novembre. C'est d'autant plus juste que, même si tous les vaccins en cours de test étaient un jour validés (c'est-à-dire efficaces et sans effets secondaires), le virus serait loin d'être éradiqué. Ne l'oublions pas : il existe aussi un besoin urgent et durable de thérapies efficaces.
''Tout attendre des vaccins serait illusoire''
Il faut ici rappeler la différence entre vaccin et traitement. Le premier est inoculé aux personnes qui ne sont pas encore touchées afin de leur éviter de contracter la maladie, il est préventif. Le second est un médicament, administré à des patients pour les soulager ou les guérir, il est curatif. Le marché des vaccins s'avère donc beaucoup plus important que celui des traitements, puisqu'il concerne toute la population. Et c'est sans doute la première explication du manque de visibilité accordée aux traitements, et de l'absence de pédagogie dont ils pâtissent.
Tout attendre des vaccins serait pourtant illusoire. Rappelons que les premiers résultats annoncés par voie de presse ne s'accompagnent pas (encore) de publications scientifiques détaillées. Plusieurs interrogations n'ont pas encore reçu de réponses. Comme celle de savoir si, en plus de conférer l'immunité au virus, ils empêcheraient aussi sa transmission. On ne sait pas non plus combien de temps durerait la protection offerte : huit ou quinze jours, six mois, un an, davantage ? Enfin, il n'est pas certain que les chiffres annoncés soient valables pour les personnes âgées, plus à risques, et dont la réponse immunitaire est moindre.
La technologie utilisée par certains d'entre eux les rend compliqués à transporter. Les candidats mis au point par Pfizer, BioNTech et Moderna, à base d'ARN messager, doivent ainsi être conservés à respectivement - 75° et - 20°C, ce qui pose des problèmes de respect de la chaîne du froid. Tous les pays, a fortiori les plus pauvres situés en régions chaudes, ne disposeront pas des moyens logistiques nécessaires.
Il faut aussi compter avec la réticence d'une partie de la population. Or il suffirait d'une zone du globe moins bien vaccinée pour risquer de voir repartir une épidémie mondiale. Nos concitoyens détiennent un record : ils sont les plus sceptiques au monde. Selon l'institut Gallup, un Français sur trois ne croit pas que les vaccins sont sûrs. Et nos dirigeants n'envisagent pas de rendre la piqûre anti-Covid obligatoire, on peut s'en féliciter au nom de la prudence et de la liberté individuelle.
Traitements : des pistes prometteuses existent, autres que l'hydroxychloroquine et le remdesivir
Quoi qu'il en soit, nous aurons toujours besoin de traitements pour guérir la Covid-19. Si le repositionnement de certaines thérapies existantes comme l'hydroxychloroquine ou le remdesivir a été invalidé par l'OMS, il existe heureusement des pistes plus prometteuses. La recherche a montré l'intérêt des anticorps, monoclonaux ou polyclonaux, qui peuvent être fabriqués de façon industrielle. Tous, ils empêchent le virus d'entrer dans les cellules en bloquant son interaction avec leurs récepteurs. Les polyclonaux peuvent en outre, non seulement bloquer leur cible, mais aussi la détruire, et surtout être efficace contre des formes mutantes du virus qui pourraient apparaître.
Le coût des traitements pour les systèmes de santé est à mettre en regard de celui des vaccins. Plus chers, ils sont cependant destinés à un nombre de patients moins important, et ne nécessitent pas la logistique complexe d'une campagne de vaccination. Côté coûts, il faut ainsi comparer le prix de la vaccination de millions de personnes, avec les dépenses nécessaires pour traiter un nombre réduit de patients.
Il faut donc se pencher sans attendre sur les stratégies qui permettront largement aux patients d'être soignés, et guéris, nettement moins coûteuses et risquées que des campagnes massives de vaccination. Les solutions pour sauver des vies et renforcer l'indépendance sanitaire du pays existent. « Tester, alerter, protéger, soigner » ont dit nos gouvernants. Ils doivent à présent aller au bout de leur logique