Croatie: Refoulement de migrants, le gouvernement ouvre une enquête

La Croatie a ouvert une enquête après la diffusion d'images montrant des migrants victimes de tabassages et de refoulements violents menés par des unités spéciales de police, a déclaré jeudi le ministre de l'Intérieur.
Une chaîne commerciale de télévision locale RTL a diffusé mercredi un reportage, présenté comme tourné à la frontière croate avec la Bosnie en juin, montrant des hommes portants des uniformes sans insignes et des cagoules qui frappaient des migrants à l'aide de battes et les repoussaient vers la Bosnie.
Cette vidéo a été réalisée dans le cadre d'une enquête menée par des journalistes de sept pays qui ont conclu à "système" mené par des "unités spéciales" dissimulant la plupart du temps leurs identités.
Cette enquête, mise en ligne mercredi soir, est le fruit d'une collaboration entre la télévision publique allemande ARD, le quotidien français
Libération, des médias croate et serbe et la plateforme d'investigation néerlandaise Ligthouse reports.
"Une équipe d'experts est aujourd'hui (jeudi, ndlr) sur le terrain avec pour devoir d'établir ce qui s'est passé, qui a participé (à ces événements) et où ils ont eu lieu", a déclaré jeudi à la presse le ministre de l'Intérieur Davor Bozinovic.
Le ministre a précisé que "la violence n'a pas sa place au sein de la police croate" et prévenu que des mesures seraient examinées suivant les résultats de cette enquête.
Membre de l'Union européenne, la Croatie se trouve sur la route dite des Balkans empruntée par les migrants, fuyant leurs pays respectifs, pour tenter de rejoindre l'Europe occidentale. La plupart du temps, ils arrivent de Bosnie.
Des groupes de défense des droits de l'Homme accusent régulièrement la police croate de violences envers les migrants.
En 2020, Amnesty International a accusé l'Union européenne d'ignorer cette situation. L'association citait des médecins bosniens et des migrants affirmant avoir été battus avant d'être repoussés vers la Bosnie.
Zagreb rejette régulièrement ces accusations. La Croatie se trouve aux frontières extérieures de l'UE et protège ses frontières et celles de l'Union européenne des entrées illégales, s'est défendu jeudi le ministre Bozinovic.
Amnesty International a qualifié "d'alarmant" le fait que Bruxelles "continue de faire la sourde oreille aux violations flagrantes des lois de l'UE et continue même de financer la police et les opérations aux frontières de certains pays".