Décès de Daniel Cohen: son ami Thomas Piketty s'exprime sur cette tragédie
L'économiste Daniel Cohen, décédé dimanche à l'âge de 70 ans, était "un pédagogue incroyable", a confié l'économiste Thomas Piketty.
Il se dit "très choqué" par le décès de Daniel Cohen avec qui il a co-fondé l'école d'économie de Paris en 2006. Thomas Piketty rend hommage à une figure du monde universitaire qui "a aidé beaucoup d'entre nous à sortir d'une certaine forme d'académisme de l'économie se complaisant dans la technique et les modèles mathématiques".
Daniel Cohen était un spécialiste de la dette souveraine. Il s'intéressait particulièrement "aux négociations pour annuler les dettes des pays les plus pauvres", question que Thomas Piketty considère "fondamentale car les créditeurs disent toujours que c'est impossible mais en pratique il y a toujours des renégociations, des annulations partielles". Il incarnait "l'économie politique" et se penchait ainsi sur plusieurs thèmes comme "le chômage des jeunes, ou pourquoi les pays pauvres restent pauvres, etc".
L'universitaire "a eu une influence considérable sur beaucoup de chercheurs, comme Julia Cagé et Julien Grenet", indique Thomas Piketty. Il salue la capacité qu'avait Daniel Cohen de convaincre les étudiants, de leur "donner le goût d'une discipline qui parfois a quelque chose d'un peu repoussant".
Pour Daniel Cohen, le rôle de l'économiste était "de contribuer à la délibération publique et démocratique, et ce modestement", se remémore Thomas Piketty.
S'il "avait une envergure internationale et une connaissance des modèles et théories les plus récents", Daniel Cohen n'était pas pour autant "dans le culte du passé et des Trente Glorieuses. Il allait regarder Internet et les technologies numériques, avec un besoin de régulation politique et de cadre institutionnel", se souvient Thomas Piketty. Il dresse également le portrait d'un économiste "toujours pondéré et modéré dans ses appréciations".
"Il n'avait pas été très convaincu par le macronisme, ce qui, parmi les économistes, détonnait", ajoute-t-il. Daniel Cohen avait en effet soutenu François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, puis l'ancien candidat socialiste Benoît Hamon en 2017. Selon FranceInfo.