Trump défie le mouvement MeToo avec des nominations controversées dans son cabinet
Donald J. Trump, reconnu coupable d’abus sexuel l’année dernière, semble déterminé à susciter un débat sur le rôle de telles accusations dans la société.
En prêtant serment en janvier, Donald J. Trump deviendra le premier président à assumer ses fonctions après avoir été reconnu responsable d’abus sexuels par un tribunal civil. Cependant, s’il réussit à former l’équipe de son choix, il ne sera pas le seul dont la conduite a été mise en cause.
M. Trump, reconnu coupable en 2023 d’avoir abusé sexuellement de l’écrivaine E. Jean Carroll et de l’avoir diffamée, a choisi un secrétaire à la Défense, un procureur général, un secrétaire à la Santé et aux Services sociaux ainsi qu’un responsable de l’efficacité gouvernementale, tous accusés de diverses formes d’inconduite sexuelle qu’ils nient, tout comme le président élu.
Ces nominations soulèvent des questions sur l’avenir du mouvement #MeToo, qui a bouleversé les normes sociales en dénonçant des abus à Hollywood, à Wall Street, dans la Silicon Valley, à Washington et ailleurs. Les accusations qui ont entraîné la chute de figures puissantes semblent n’avoir aucun impact sur les choix de M. Trump.
Au contraire, M. Trump semble vouloir provoquer un débat. Il a nommé Matt Gaetz, un membre controversé du Congrès, au poste de procureur général malgré des accusations de trafic sexuel impliquant une mineure. Il a également choisi Pete Hegseth, ancien présentateur de Fox News, pour diriger le Pentagone, bien qu’il ait réglé une affaire d’agression sexuelle par un accord financier.
De plus, il n’a exprimé aucune inquiétude quant aux accusations portées contre Robert F. Kennedy Jr., qu’il a désigné pour le département de la Santé, ou Elon Musk, chargé de réinventer l’administration publique, malgré des accusations de créer un environnement de travail sexiste.
M. Trump, qui continue de nier les accusations portées contre lui par Mme Carroll et d’autres femmes, semble normaliser ce type de comportement en s’entourant de personnalités accusées. Selon Leigh Gilmore, auteure de The #MeToo Effect, cette stratégie vise à redéfinir les normes sociales et à minimiser ses propres controverses.
Karoline Leavitt, future porte-parole de la Maison-Blanche, a défendu ces nominations, affirmant que M. Trump choisit des outsiders brillants pour mettre en œuvre son programme MAGA et qu’il soutient ses choix face aux critiques.
Les nominations controversées de M. Trump surviennent à un moment délicat pour le mouvement #MeToo, alors que certains estiment qu’il a trop facilement terni la réputation de certains hommes sans preuve suffisante. Pendant sa campagne, M. Trump a cherché à séduire les électeurs masculins en s’opposant à la “sensibilité woke” et en prônant un discours machiste.
Bien que des lois protégeant les femmes aient été adoptées dans 23 États, les choix de M. Trump montrent que le mouvement #MeToo est loin d’avoir atteint tous ses objectifs, selon Deborah Tuerkheimer, auteure de Credible: Why We Doubt Accusers and Protect Abusers.
Parmi les nominations de M. Trump, celle de Matt Gaetz a suscité le plus de critiques. Bien que des accusations de trafic sexuel aient été portées contre lui, aucune charge n’a été retenue. Pete Hegseth a également été accusé de viol, bien qu’il nie tout acte répréhensible.
En outre, Robert F. Kennedy Jr. et Elon Musk font face à des accusations d’inconduite sexuelle, tandis que d’autres figures féminines proches de M. Trump, comme Susie Wiles, nommée cheffe de cabinet, sont mises en avant comme preuve de son soutien aux femmes.
Pour Leigh Gilmore, ces nominations représentent un test pour le mouvement #MeToo. Bien que certains puissent voir cela comme un revers, elle estime que la sensibilisation accrue aux abus sexuels constitue un progrès durable.