INFOGRAPHIE/Présidentielle en Tunisie : un tournant décisif pour la Nouvelle République
Le dimanche 6 octobre 2024, près de 10 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes pour élire leur président. Ce scrutin marque une étape cruciale dans la consolidation de la « Nouvelle République » post-2021.
Le président sortant, Kais Saied, est largement considéré comme le grand favori, face à deux autres candidats qui peinent à susciter l’intérêt de l’électorat.
Contexte politique et candidats
Le chef de l’État sortant, Kais Saied, âgé de 66 ans, brigue un second mandat. Son accession au pouvoir en 2019, avec 73 % des voix, s’est faite sur la promesse de restaurer l’ordre dans un pays en proie à des années d’instabilité politique.
Ses deux rivaux, considérés comme des « seconds couteaux » par les analystes, sont Zouhair Maghzaoui, 59 ans, ex-député de la gauche panarabe, et Ayachi Zammel, industriel libéral de 47 ans, actuellement emprisonné pour des accusations de fraude électorale. Ces candidats semblent toutefois avoir peu de chances de supplanter Saied.
Le nombre initial de candidats pour cette élection était de 17, mais plusieurs d’entre eux ont été écartés par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Élections (Isie) en raison d’irrégularités présumées.
Le scrutin de ce dimanche, bien qu’importante pour le processus démocratique en Tunisie, ne semble pas susciter un grand enthousiasme populaire.
Bilan du mandat de Kais Saied
Élu en 2019 avec l’image d’un président incorruptible et soucieux de faire respecter l’ordre, Kais Saied a pris les pleins pouvoirs en 2021, provoquant une onde de choc dans la scène politique tunisienne. Ce geste, justifié par la lutte contre la corruption et la restauration de la stabilité, est depuis lors critiqué pour sa dérive autoritaire.
Ses opposants, notamment le parti Ennahdha, ont été durement réprimés, avec l’arrestation de plusieurs de leurs dirigeants, dont Rached Ghannouchi. En parallèle, la société civile tunisienne dénonce l’étouffement des libertés fondamentales, avec l’arrestation de syndicalistes, militants et journalistes.
Les ONG locales et internationales, ainsi que plusieurs gouvernements étrangers, ont exprimé leurs inquiétudes quant à cette dérive autoritaire. Selon Human Rights Watch, plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des motifs politiques.