France : Emmanuel Macron s’exprimera lundi soir
Le chef de l’État s’exprimera ce lundi soir à la télévision. Quels projets peut-il annoncer pour sortir de la crise ? Et avec quelles alliances ?
Que peut dire Emmanuel Macron pour tenter d’apaiser le pays et d’enrayer les actuelles crises sociale et politique ? Le chef de l’État doit s’exprimer à 20 h ce soir, à la télévision, après avoir promulgué avec empressement, dans la nuit de vendredi à samedi, la loi sur la réforme des retraites.
Pour Marine Le Pen, à la tête des députés du Rassemblement national, ce dernier n’aurait le choix qu’entre trois solutions : le référendum, la dissolution de l’Assemblée nationale ou la démission, a-t-elle estimé ce dimanche au micro du Grand Jury RTL-Le Figaro – LCI .
Des hypothèses peu envisageables
Ce sont sans doute les hypothèses les moins envisageables. Un référendum ? Cette solution est très compliquée pour le chef de l’État car il lui faudrait trouver un sujet très consensuel qui ne se retourne pas contre lui , note Philippe Moreau-Chevrolet, spécialiste de communication politique et cofondateur de l’agence MCBG Conseil.
Une dissolution de l’Assemblée ? Personne n’y a intérêt. Ni le parti présidentiel ni même le RN qui n’a sans doute pas envie de s’abîmer avant 2027 , avance Dominique Reynié, directeur de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). En cas de succès à des élections législatives anticipées, le RN devrait en effet se résoudre à gouverner et à cohabiter avec Emmanuel Macron, prenant ainsi le risque d’être critiqué non plus pour ce qu’il dit mais pour ce qu’il ferait.
Quant à une démission du chef de l’État, la liste des projets que souhaite encore entreprendre le parti présidentiel Renaissance, derrière Emmanuel Macron – projets réaffirmés samedi à Paris – suffit à écarter cette hypothèse.
Une alliance avec LR ?
Alors que peut faire le chef de l’État ? Il a besoin de trouver une majorité plus stable. Et je ne lui vois pas d’autres possibilités que de se tourner vers ce qu’il reste de LR. À condition toutefois que suffisamment d’élus LR soient d’accord avec cette idée , nuance Dominique Reynié.
Or, sur ce point, rien n’est moins sûr. Jeudi, le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a rappelé que pour gouverner, il faut une majorité, un projet, un contrat, et aujourd’hui, ces conditions ne sont pas réunies . Sans compter que le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ont renouvelé leur opposition à une telle alliance.
Il ne faut pas oublier non plus que la sociologie des électeurs LR a changé. Ceux-ci se situent désormais davantage dans les petites villes et ne sont pas du tout macronistes. Ce qui peut inciter aussi ses dirigeants à ne pas faire d’alliance avec le parti présidentiel , complète Philippe Moreau-Chevrolet qui considère qu’en l’état actuel de l’Assemblée, il n’y a pas de majorité pérenne possible. Pour Emmanuel Macron, cela revient à chercher une chambre introuvable .
- À LIRE AUSSI : PSG : Lionel Messi doit revenir au Barça …
Des alliances de circonstance ?
Si une majorité avec LR n’est pas envisageable, reste alors pour le gouvernement à aller à la pêche aux alliances de circonstance, « projet par projet » , comme l’a encore rappelé samedi la Première ministre, Élisabeth Borne.
Cela ne sera pas simple car, en fonction des projets, cela conduira le parti présidentiel à slalomer très à gauche ou très à droite, et à se mettre dans la main du RN ou de la Nupes , ce qui peut paraître paradoxal pour un parti centriste , estime Philippe Moreau-Chevrolet.
Une telle stratégie est-elle par ailleurs tenable durant quatre ans, sachant qu’au fur et à mesure que l’élection présidentielle de 2027 se rapprochera, chaque camp risquera de se cristalliser ?
Il est impératif que le chef de l’État tire les leçons de ce qui vient de se passer. Plus qu’un remaniement ministériel, c’est un remaniement de méthode qui s’impose. Il serait opportun qu’il annonce un exercice plus collégial du pouvoir. Pour gouverner, il n’y a pas que le gouvernement. Il y a aussi les collectivités locales , insiste Dominique Reynié.
Leur donner plus de pouvoirs, d’initiatives ?
Ce lundi soir, la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron apparaît en tout cas étroite. Le pire serait peut-être qu’il s’en tienne à de la rhétorique. Ce serait alors un coup d’épée dans l’eau , n’écarte pas Philippe Moreau-Chevrolet. Un coup d’épée qui ne ferait sans doute qu’aiguiser la colère ambiante…