Energie : L'Europe est en difficulté à cause du dilemme MidCat !
Les explications données par Emmanuel Macron pour justifier son opposition au projet de gazoduc entre la France et l'Espagne ne semblent pas avoir convaincu à Madrid ou Berlin, où l'on soupçonne le président français de privilégier les intérêts de Paris a
L'Allemagne et l'Espagne pressent la France de donner son feu vert à la relance de ce projet transpyrénéen qui permettrait de distribuer vers le nord de l'Europe du gaz algérien ou du GNL (gaz naturel liquéfié) transitant par l'Espagne, afin de réduire la dépendance envers les importations russes.
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Lancé en 2013, le projet MidCat (Midi-Catalogne), qui devait relier une ville au nord de Barcelone à Barbaira, dans l'Aude, a été suspendu en 2019, jugé trop coûteux et dommageable pour l'environnement.
Il y a une semaine, lors d'une conférence de presse à l'Elysée à l'issue d'un entretien en visioconférence avec le chancelier social-démocrate allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron s'est déclaré peu convaincu par la nécessité de nouvelles interconnexions gazières, expliquant que les flux actuels entre la France et l'Espagne n'étaient pas saturés et que la construction du gazoduc prendrait trop de temps pour résoudre la crise énergétique en cours.
Mais les gouvernements allemand et espagnol restent sceptiques. Ils soupçonnent la France de chercher à protéger son secteur nucléaire en difficulté et de vouloir éviter la concurrence de l'Espagne, qui ambitionne de devenir un fournisseur majeur de gaz naturel grâce à d'importantes infrastructures portuaires capables de recevoir du GNL.
"Macron est sous la pression de plusieurs groupes qui n'aiment pas ce projet de gazoduc - le plus important étant sans aucun doute le secteur de l'industrie nucléaire", a dit à Reuters un haut responsable allemand.
Le ministère français de la Transition énergétique et le groupe EDF se sont refusés à tout commentaire.
Olaf Scholz, qui a soulevé la question lors de son entretien avec Emmanuel Macron, avait estimé en août que le gazoduc MidCat "manquait cruellement" dans le contexte actuel de crise énergétique.
A Madrid, l'opposition manifestée par le chef de l'Etat français a occupé une bonne partie des discussions en conseil des ministres la semaine dernière, dit-on de source gouvernementale. Le gouvernement de Pedro Sanchez se dit prêt à démontrer la rationalité du projet, comme l'a proposé Emmanuel Macron.
Mais de même source, on estime que la France doit à son tour démontrer de quelle manière elle se montre solidaire avec le reste de l'Europe, alors que plus de la moitié de ses réacteurs nucléaires sont à l'arrêt pour maintenance ou des problèmes de corrosion. Rapporte Reuters.