Entretien exclusif : Que risque l'Ukraine en cas de victoire de Donald Trump ?
Une analyste ukrainienne s’inquiète d’un éventuel retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis et de ses conséquences sur la guerre en Ukraine.
Elle met également en perspective les avancées et les défis de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et à l’Union européenne.
Nadiia Koval, analyste en politique étrangère et de sécurité à la Kyiv School of Economics, a déclaré à Al-Ain News, qu' un retour de Trump à la Maison Blanche, constituera un risque accru pour l'Ukraine. Nadiia a abordé tous les dossiers chauds de l’actualité sur la scène ukrainienne et internationale. On fait ici le point sur les perspectives du conflit russo-ukrainienne et les élections américaines qui témoignent d’évolutions inattendues et imprévue…
L’interview intégrale :
Que risque l'Ukraine en cas de victoire de Donald Trump ?
Nadiia Koval : Tout d'abord, qualifier l'invasion russe à grande échelle de "crise ukrainienne" est un euphémisme considérable et une terminologie trompeuse.
Il s'agit d'une guerre à grande échelle, sans précédent dans cette partie du monde depuis les années 1940, une attaque massive faisant appel à toute une gamme d'artillerie, de missiles balistiques et de croisière, de bombes guidées aériennes, détruisant des villes entières sur la ligne de front à l'est du pays et détruisant systématiquement les infrastructures civiles dans le reste de l'Ukraine : du réseau électrique et des centrales hydroélectriques aux hôpitaux et écoles.
Deuxièmement, en ce qui concerne la question elle-même, l'ex- président américain Donald Trump représente une tendance isolationniste de la politique étrangère américaine, misant sur la dissuasion de la Chine en tant qu'adversaire principal des États-Unis.
De ce fait, l'équipe de Trump sous-estime la menace russe et, du moins sur le plan rhétorique, exprime son soutien à une solution d'apaisement, récompensant essentiellement les efforts de guerre russes en leur accordant les territoires ukrainiens occupés jusqu'à présent afin de geler le conflit et de détourner les ressources et l'attention américaines de celui-ci.
Comme il est difficile de prédire dans quelle mesure cette rhétorique pourrait survivre à une présidence réelle, nous constatons certainement des risques tangibles de diminution du soutien américain, ce qui pourrait encourager de nouvelles attaques russes.
- Où en est l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne ? Attendez-vous une percée avant la fin de l'année en matière d'adhésion ?
Nadiia Koval : Eh bien, l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN n'est pas actuellement à l'ordre du jour, en raison de la position traditionnellement défavorable des États-Unis et de l'Allemagne, qui affirment qu'un jour l'Ukraine deviendra membre, mais s'assurent que ce jour soit dans un avenir très lointain. Rien n'a changé à ce sujet lors du dernier sommet de Washington.
En ce qui concerne l'adhésion à l'Union européenne, la situation est inverse. En effet, de nombreuses étapes rapides vers l'adhésion ont été franchies depuis 2022, non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour les autres pays d'Europe de l'Est et des Balkans occidentaux.
La plus grande percée de l'année a déjà eu lieu : la décision d'ouvrir les négociations d'adhésion a été prise par l'UE fin juin et c'est là que commencent de longues et ardues négociations, chapitre par chapitre.
Actuellement, la Hongrie a assumé la présidence tournante de l’Union européenne et on sait bien qui est favorable à la Russie… Par-là, nous ne nous attendons pas à ce que ces négociations soient particulièrement rapides pendant cette période, mais le processus a déjà commencé et sera terminé à bien tôt ou tard. On espère la fin de cette guerre dans les plus brefs délais.