Equipe de France : Les Bleus vont gagner l'Euro sans marquer un seul but dans le Jeu ?
Malgré vingt tirs face au Portugal en quart de finale, les Bleus n’ont toujours pas réussi à trouver le chemin des filets. Mais avec une défense pareille, au fond, est-ce bien nécessaire ?
Avec deux trains de retard sur Didier Deschamps, lequel balançait il y a quelques jours encore la piètre phase de poule aux oubliettes avec sa phrase toute faite « c’est une nouvelle compétition qui commence », nous voilà aujourd’hui bel et bien d’accord avec lui. Oui, quand on a tapé la Belgique en 8e et le Portugal en quart pour s’ouvrir les portes des demi-finales, et ce pour la quatrième fois en cinq grandes compétitions, excusez du peu, c’est effectivement une nouvelle compétition qui commence.
Alors, à partir de maintenant, promis, on va cesser de rabâcher que la qualité de jeu de cette équipe de France n’est pas à la hauteur des talents qui la composent. Même si ce fut encore le cas lors de ce match face à la Seleçao, notamment lors de 45 premières minutes à endormir un insomniaque chronique. De toute façon, ça changerait quoi ? Rien, absolument rien. C’est ce que nous a clairement fait comprendre Ousmane Dembélé en conférence de presse, lui, l’homme du match entré en jeu en seconde mi-temps pour mettre le zbeul dans l’arrière-garde portugaise.
« Cette année on a mis trois buts, je crois, mais on est en demi-finale et je pense que c’est aussi la solidité de cette équipe qui fait qu’on est là aujourd’hui. Ce qui est positif, c’est qu’on se crée les situations pour marquer des buts, on n’arrive pas à les mettre au fond mais il y a les occasions. Après, sur le jeu, c’est comme ça. On joue comme ça. Ceux qui ne sont pas contents, ce n’est pas mon problème », a-t-il lâché, catégorique et droit dans ses Santiags.
Quelques mètres plus loin, en zone mixte, Aurélien Tchouaméni tenait plus ou moins le même discours, quoique avec un peu plus de nuances : « Mérité ou pas, on s’en fout, pour nous le plus important c’était de gagner, a-t-il lâché, le sourire jusqu’aux tympans. Bien sûr que tout n’est pas parfait et qu’on se doit de faire mieux dans tous les compartiments du jeu, que ce soit défensivement ou offensivement. Mais on va juste savourer parce que ce n’était pas facile aujourd’hui. »
Comme ils le disent, on peut toujours exiger ce qu’on veut, au fond, ces hommes-là font bien ce qu’ils veulent. Et s’ils pensent que c’est de cette manière qu’ils auront le plus de chance de faire plier quiconque se présentera devant eux, alors qu’il en soit ainsi. Biberonnée à la tétine du père Deschamps depuis toujours, cette génération ne vénère rien d’autre que le résultat et, jusqu’ici, c’est en jouant ainsi qu’ils sont allés le conquérir, de l’Euro 2016 au Mondial en Russie en passant par le Qatar.
Car s’il y a bien une chose sur laquelle on est d’accord avec eux, c’est que contrairement à ce que marmonnent les anti-DD, aller en finale d’une grande compétition n’est pas un échec à proprement parler. Ou alors, nombreuses sont les nations qui rêveraient de se vautrer de la sorte.
Non, ce qui est plus problématique à l’heure actuelle, c’est ce foutu manque d’efficacité dans le dernier geste. Vendredi soir, les Bleus ont encore avoiné vingt fois la cage de Diogo Costa, pour seulement cinq tirs cadrés et zéro pion. Depuis le début de l’Euro, en cinq rencontres, soit environ 490 minutes passées sur le pré, en comptant les divers arrêts de jeu et la prolongation face aux Portugais, les Bleus ont frappé QUATRE-VINGT-SEPT fois au but et planté trois pions, dont deux csc et un péno. Et toujours pas le moindre but dans le jeu, donc.
Une stat qui a fait halluciner Aurélien Tchouaméni. « On est en demi-finale sans marquer ! Je pense que c’est historique. Mais au bout d’un moment il va falloir qu’on en marque », s’est-il marré. Pas question de vous jouer de la flûte de pan en vous disant qu’on a pris le temps d’aller voir si pareille chose était déjà arrivée à une équipe à ce stade de la compétition, et ce dans toute l’histoire de l’Euro (on le fera, promis-juré-craché), mais on aurait tendance à suivre le Madrilène sur ce coup.
Interrogé en conférence de presse, Didier Deschamps, d’humeur de plus en plus légère avec la presse à mesure que ses Bleus avancent dans la compète, a tenu à relativiser. « On a marqué quand même, a-t-il précisé. Même si c’est un csc… J’espère que ce n’est pas une façon de me dire que notre place est usurpée ! On a une solidité essentielle dans une grande compétition. »
Dans « l’euphorie » de la qualif, selon les mots de Mbappé, lui aussi passé en zone mixte vendredi soir, les joueurs n’ont pas fait une fixette de cette stat totalement improbable. « Je n’ai pas envie de vous raconter des salades : dans le vestiaire, on n’était pas là à se dire qu’on n’avait toujours pas marqué de but dans le jeu. Mais oui, on va se pencher sur la question tout en conservant cette solidité défensive. »
Et puis au point où on en est, franchement, est-ce si important que ça au fond ? Quand vous avez une défense aussi solide que l’est celle des Bleus et un gardien aussi impressionnant dans tous les aspects du jeu, on l’a encore vu face aux Portugais avec ces trois monstrueux arrêts de Mike Maignan – la « crème de la crème », selon Tchouaméni – en l’espace de 180 secondes, est-il bien utile de mettre des buts ? « Quand vous marquez peu de buts, il vaut mieux ne pas en prendre, a répondu Didier Deschamps (ou Jean-Michel Evidence, on ne sait plus). Ce n’est pas pour autant que je n’aimerais pas une meilleure efficacité. »
Mais elle peut encore venir de notre cher ami csc, qui a d’ailleurs bien failli se pointer à la soirée vendredi, après ce tir de Kolo Muani contré par Ruben Dias. Il ne sera pas trop tard pour débarquer mardi contre l’Espagne. Un bon ballon dévié par le tibia de Cucurella après 90 minutes passées à résister aux assauts de la plaisante Roja, une séance de tirs au but réglée comme du papier à musique en finale contre la Suisse, et hop, emballé, c’est pesé. Avouez que ça ne manquerait pas d’un certain charme que de voir l’équipe de « Deschamps la bétonneuse » poser ses joyeuses sur l’Europe sans avoir marqué le moindre pion dans le jeu. Alors, messieurs, on se la tente ?