Équipe de France : Raphaël Varane s'exprime sur les raisons de sa retraite internationale
Après 93 sélections en équipe de France pour cinq buts, deux finales de Coupe du monde dont l'une remportée en 2018, Raphaël Varane a décidé cette semaine de mettre fin à sa carrière avec les Bleus.
Soucieux de laisser sa place aux plus jeunes malgré ses 29 ans, un Varane qui évolue avec les Bleus depuis dix ans maintenant préfère prendre ses distances avec les Bleus.
Ce dimanche soir, au micro du Canal Football Club, Varane s'est expliqué en longueur sur les raisons de son choix.
Pourquoi il a décidé d'arrêter
« Moi je suis quelqu’un qui me donne vraiment à 100 %. C’est vraiment une passion, ça vient des tripes. Je dors football, je mange football, je respire football. J’ai tout donné physiquement psychologiquement, mais le très très haut niveau c’est une machine à laver. On joue tout le temps, on s’arrête jamais. Et en ce moment j’ai un peu l’impression d’étouffer et le joueur est en train de bouffer l’homme. »
L'impression d'avoir tout donné
« Je remettrai le maillot mais en supporter. C’est quelque chose de fort. Mon histoire avec les Bleus est magnifique. J’ai vraiment tout donné, quand j’en parle j’ai des frissons. J’ai failli ne pas participer à la dernière coupe du monde, j’étais effondré. Cela représente beaucoup de choses pour moi. J’ai fini mon dernier match sur les rotules. Dans les vestiaires de sport en général on entend souvent la formule « il faut tout donner ». Je l’ai fait. Si j’avais été champion du monde, je l’aurais annoncé tout de suite après. C’est la décision la plus importante de ma carrière. C’est vrai que les joueurs, on a l’impression d’être dans un TGV qui fonce, on n'a même pas le temps de regarder le paysage. Moi je vis les choses à fond, je ne sais pas vivre les choses à moitié. Si je viens en équipe de France en étant pas bien, parce que je pense à ma famille et que j’en ai marre... Mentalement, j’arrive en fin de saison fatigué. On a souvent perdu des matchs en juin en équipe de France, parce qu’on était fatigué. On était carbo. Moi j’ai quitté ma famille à 13 ans, j’ai eu peu de temps avec mes proches. Avec eux je suis fatigué parce que c’est entre deux matchs. Je vis football et on ne déconnecte jamais. Vraiment je sens que j’en ai besoin, je suis en train d’étouffer. »
Sur les calendriers infernaux
« C’est pas faute de tirer la sonnette d’alarme, que ce soit les plus grands coachs ou les plus grands joueurs du monde. Mais on n'est pas écouté. On retourne à plus de compétition. C’est sur que le fait de démarrer tôt, on tape plus tôt dans le réservoir. Mais d’un autre côté c’est aussi ma personnalité et ma façon de faire. Je sais qu’il y a des joueurs qui prennent leur carrière avec beaucoup plus de légèreté, qui rigolent, qui s’amusent plus. Moi j’ai besoin de cette rigueur, c’est ce qui a fait que j’ai été assez fiable très très tôt, à un poste qui nécessite beaucoup d’expérience. Mais c’est ma façon d’être, j’ai besoin d’être concentré de m’appliquer à fond. Si je rigole, je vais commencer à faire n’importe quoi. J’ai besoin de cette rigueur là, et c’est ma personnalité. Chacun a ses limites, sa façon de faire, moi je suis comme ça. »
Sa décision comprise ?
« Au cours des dernières mois de réflexion, c’est une question que je me suis beaucoup posé. De l’extérieur je comprends que ce soit difficile à comprendre. Aujourd’hui c’est bon pour moi. »
Sur Deschamps, Zidane ou Benzema
« J’avoue que dans le processus de ma retraite internationale, pour moi, le plus difficile, c’était d’appeler le coach pour lui en parler. Il a bien réagi, il a été compréhensif. Je pense qu’il s’en doutait un peu, mais il espérait que je n’appelle pas. Si Zidane était venu, ça n’aurait rien changé à cette décision qui est personnelle. Ça n’a rien d’extrasportif que ce soit l’arrêt d’autres joueurs ou la prolongation du coach ou ce qui se passe en ce moment à la Fédération. Ça n’a rien à voir à cette décision qui est personnelle. Le conflit avec Karim Benzema n’a aucune incidence. Tout est propre. Tout est rangé tout est carré. »
Son plus grand souvenir
« La première chose qui me vient à l'esprit, c’est le coup de sifflet final quand je suis champion du monde. C’est une émotion indescriptible. Il va me falloir encore quelques années pour comprendre ce qui s’est passé à ce moment-là. C’était dingue. » Selon Onzemondial.