Éric Denécé s'exprime sur la proposition de Macron, pourquoi se limite-t-il au Hamas et non au reste des milices de la région ?
Éric Denécé, ancien analyste du renseignement français, docteur en Science Politique, est directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et auteur de nombreux ouvrages sur les questions de sécurité.
En visite en Israël le 24 octobre 2023, le président français Emmanuel Macron a suggéré à Jérusalem de «bâtir une coalition internationale» contre le Hamas.
Il espère également avancer sur une «relance décisive» du processus de paix avec les Palestiniens.
Malheureusement, Emmanuel Macron démontre une nouvelle fois son fâcheux penchant à l’hyperréaction et son absence édifiante de maîtrise des questions géopolitiques. En l’occurrence, il se trompe doublement.
A ce jour, le Hamas, n’est pas l’ennemi de la France, il n’a pas organisé d’attentat sur notre sol même si évidemment nous considérons ce mouvement comme un groupe terroriste. Nous ne sommes pas « en guerre » avec le Hamas, à la différence de Daech qui menace notre pays et reste déterminé à frapper sur notre sol ou à viser nos ressortissants à l’étranger.
Assimiler l’affrontement israélo-palestinien à la lutte contre le djihadisme planétaire est une erreur politique majeure.
Rappelons que l’émergence du Hamas comme mouvement politique a été encouragé par Israël et les Etats-Unis, qu’il a remporté les élections à Gaza en 2007 et qu’il est soutenu par le Qatar, un État « allié » de la France.
Nous sommes bien sûr opposés à son idéologie et condamnons sans aucune hésitation les actes terroristes de sa branche armée. Mais son accession au pouvoir a été la volonté de la population gazaouite.
La France n’a pas à s’immiscer dans les affaires intérieures des autres États, surtout si notre pays veut pouvoir jouer le rôle d’une puissance médiatrice.