« Et la montagne fleurira »: quand la Provence se met à l'honneur
Régionalisme, histoires de famille, drame… Cette minisaga d’été historique coche toutes les cases du genre. Et le soupçon bienvenu de féminisme ne suffit pas à renouveler la vieille recette, écrit Télérama.
On pensait les sagas de l’été en voie de disparition… Et la montagne fleurira revendique pourtant l’appellation.
Adaptée du roman de Françoise Bourdon Le Mas des Tilleuls, cette minisérie historique et provençale, signée Éléonore Faucher, et lancée ce lundi 29 août sur France 2, revient même aux sources d’un genre né à la fin des années 1980, dont elle coche sagement toutes les cases.
Le bon goût du terroir
Odeurs de lavande, accent qui chante et relents de farigoule… Et la montagne fleurira exhale les saveurs d’une Provence de carte postale.
Difficile d’y échapper, c’est la loi du genre. La saga de l’été s’ancre dans la France rurale depuis Le Vent des moissons, en 1988, suivie par Le Château des Oliviers (1993) ou Dans un grand vent de fleurs (1996).
Et même quand elle se modernise en intégrant du polar et du fantastique, après Dolmen en 2005, elle reste imprégnée de régionalisme. Et la montagne fleurira préfère la veine historique (nous sommes en 1847, alors que frémit la révolte antimonarchiste) aux éléments surnaturels. Quitte à paraître un peu datée.
L’amertume des conflits d’héritage
Un patriarche au cœur dur qui raye son fils du testament, la rivalité entre l’enfant banni et son demi-frère illégitime, des intrigues et des secrets… Les sagas de l’été sont souvent des récits familiaux à rebondissements, et celle-ci ne fait pas exception. Comme dans La Maison des Rocheville (2010), la maison – ici une exploitation de tilleuls – y devient l’enjeu d’un règlement de comptes générationnel lorsque Jean-Baptiste, le fils répudié, après avoir voyagé et trouvé l’amour, entreprend de faire son grand retour. On vous laisse parier dans quel épisode.
Des acteurs Label rouge
Pour fédérer, la saga de l’été mise sur une distribution populaire et cossue. Il faut d’abord un jeune premier : c’est ici Guillaume Arnault, qui prête ses traits romantiques à Jean-Baptiste. Un grand méchant théâtral ? Applaudissez Philippe Torreton dans le rôle du papa fouettard – il en fait des tonnes. Hélène de Fougerolles en prostituée embourgeoisée, Julien Boisselier en intendant à rouflaquettes, Constance Dollé en bonne tante, Ophélia Kolb en faiseuse de potions… Que des stars du petit écran, pour un effet franchement roboratif.
Une larme de modernité
À l’heure où triomphent les polars et autres séries à concept, la saga de l’été paraît de plus en plus anachronique. Et la montagne fleurira tente le coup de la tradition « revisitée ». Maladroite quand elle ose des scènes coquines censées pimenter la formule, la série est plus convaincante quand elle se teinte, certes un peu grossièrement, de féminisme.
Elle tire alors son histoire d’héritage vers une critique du patriarcat, et veille à créer des héroïnes émancipées, de l’apothicaire proto-suffragette aux herboristes un peu sorcières, en passant par une fille de sourcier écoféministe.