États-Unis : la banque SVB saisit par les autorités
L'effondrement de la Silicon Valley Bank suscite de vives inquiétudes aux États-Unis parmi les clients, particuliers et entreprises (nationales et internationales).
À l'annonce de la mauvaise nouvelle, la SVB s'est retrouvée noyée sous les retraits massifs d'argent, au point que l'agence de garantie des dépôts (FDIC) a dû reprendre le contrôle. Les autorités américaines ont annoncé dimanche 12 mars une série de mesures pour rassurer les clients sur la solidité du système bancaire américain et vont notamment garantir le retrait de l'intégralité des dépôts de SVB.
Outre SVB, les autorités américaines vont permettre l'accès à tous les dépôts d'un autre établissement, Signature Bank, qui a été fermé d'office par le régulateur, selon un communiqué.
« Je suis fermement dévoué à demander des comptes aux responsables de ce gâchis », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, assurant que « le peuple américain et les entreprises américaines peuvent avoir confiance dans le fait que leurs dépôts bancaires seront là lorsqu'ils en auront besoin ».
Le président américain a par ailleurs déclaré qu'il s'exprimerait de nouveau à ce sujet lundi matin :
« Je ferai des remarques sur la manière dont nous maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger notre reprise économique historique. »
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La Réserve fédérale (Fed) – la banque centrale américaine – s'est également engagée à prêter les fonds nécessaires à d'autres banques qui en auraient besoin pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.
Ces mesures ont été prises conjointement par la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la Fed et l'agence de garantie des dépôts (FDIC), après consultation avec le président américain Joe Biden, selon le communiqué.
L'ensemble du dispositif témoigne des turbulences qui menacent le système bancaire américain, perturbé par le resserrement monétaire de la Fed à marche forcée.
La hausse des taux a mis sous pression les banques, qui prêtent à long terme et empruntent à court terme, les taux courts étant actuellement très supérieurs aux taux longs.
Elle a aussi incité des clients à placer leur argent dans des produits financiers mieux rémunérés que les comptes courants et a bousculé plusieurs secteurs économiques, en particulier les nouvelles technologies.
La vague de retraits qui a suivi a provoqué la défaillance de trois banques cette semaine, à savoir SVB, Signature Bank, mais aussi Silvergate Bank, plus petite mais connue pour ses liens privilégiés avec le milieu des cryptomonnaies.
La new-yorkaise Signature Bank est la 21e banque américaine, avec des actifs estimés par la Fed à 110 milliards de dollars fin 2022. Sa défaillance est la troisième plus importante de l'histoire des États-Unis, derrière SVB et Washington Mutual, en 2008.
« Aujourd'hui, nous prenons des mesures décisives pour protéger l'économie américaine en renforçant la confiance dans notre système bancaire », ont indiqué Fed, Trésor et FDIC dans leur communiqué.
« Cette initiative va permettre au système bancaire américain de continuer à jouer son rôle vital de protection des dépôts et d'accès au crédit pour ménages et entreprises », ont-ils poursuivi.
Le fantôme de la crise de 2008
Après l'annonce de la prise de contrôle de SVB par la FDIC, vendredi, beaucoup s'étaient inquiétés du sort des dépôts bloqués par la défaillance de l'établissement.
Quelque 96 % d'entre eux n'étaient, en effet, pas couverts par la garantie traditionnelle des dépôts, qui assure jusqu'à 250 000 dollars par client et par banque.
« Le système bancaire est beaucoup plus résilient et doté d'une bien meilleure assise qu'avant la crise financière », a martelé un responsable du Trésor. « Pour être clair, la situation n'est pas celle de 2008. »
Parallèlement, les autorités américaines ont mis aux enchères SVB avec l'objectif de trouver un repreneur au plus vite.
L'élu démocrate à la Chambre des représentants Josh Harder a confirmé la tenue d'enchères au site d'information Axios, estimant que la limite de dépôt des offres, initialement fixée à dimanche 18 heures GMT, pourrait être reportée.
La course contre la montre engagée par les autorités américaines rappelle le week-end des 13 et 14 septembre 2008.
Elles avaient alors échoué à trouver un repreneur pour la banque Lehman Brothers, la poussant au dépôt de bilan le lundi, avec des conséquences dramatiques pour le secteur financier et l'économie tout entière.
Si les grandes banques ont jusqu'ici été épargnées, plusieurs établissements américains de taille moyenne ou régionale ont dévissé en Bourse vendredi, fuis par des investisseurs inquiets.
C'est le cas notamment de la californienne First Republic, qui a lâché près de 30 % en deux séances, jeudi et vendredi, ou de Signature Bank, avant sa fermeture dimanche.
Outre la stabilité du système bancaire, beaucoup se disaient préoccupés par les répercussions de la faillite de SVB sur le secteur technologique, américain mais aussi au-delà.
SVB se targuait d'avoir pour clients « près de la moitié » des entreprises technologiques et des sciences du vivant financées par des investisseurs américains.
Les dépôts de SVB se montaient autour de 170 milliards de dollars, selon un document publié mercredi par l'établissement, mais des retraits colossaux sont intervenus depuis.
« Beaucoup de déposants sont de petites entreprises qui ont besoin de pouvoir accéder à leurs fonds pour payer leurs factures et elles emploient des dizaines de milliers de personnes » aux États-Unis, avait relevé la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, dimanche, sur la chaîne CBS.
Dimanche, le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt avait estimé que la chute de SVB posait un « risque sérieux » pour le secteur de la tech de son pays. Janet Yellen avait écarté dimanche un sauvetage de SVB via une injection d'argent public.
La solution annoncée dimanche protège les déposants mais ne va pas empêcher les actionnaires de la banque de perdre la totalité de leurs investissements.
Nous rapporte taboolanews