Ethiopie: Guterres demande un cessez-le-feu sur fond de divisions au Conseil de sécurité de l'ONU
Les 15 membres du Conseil de sécurité ont échoué, selon des diplomates, à s'entendre sur l'adoption d'une déclaration appelant à un cessez-le-feu au Tigré, en Ethiopie, qu'a réclamé vendredi aux belligérants le secrétaire général de l'ONU.
En coordination avec le médiateur de l'Union africaine, l'ex-président (nigérian) Olusegun Obasanjo et le président (kenyan) Uhuru Kenyatta, Antonio Guterres a eu des entretiens téléphoniques séparés avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, et Debretsion Gebremicheal, chef du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), a déclaré dans la soirée le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.
Il leur a demandé de mettre "fin aux combats et d'entamer une négociation globale pour résoudre la crise actuelle", a précisé le porte-parole.
Cette démarche diplomatique, au lendemain d'un nouveau séjour en Ethiopie des émissaires de l'UA et des Etats-Unis pour obtenir un cessez-le-feu, est intervenue alors que dans le même temps le Conseil de sécurité échouait à s'entendre sur une déclaration commune.
Un projet de texte porté par l'Irlande, membre non permanent du Conseil, "a été bloqué par la Chine et la Russie", a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat.
Il n'y a "pas eu d'accord", ont confirmé plusieurs autres sources diplomatiques dont certaines ont estimé que le projet, précipité, avait manqué de consultations préalables.
La mission diplomatique russe a reconnu un désaccord. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de la mission chinoise.
Dans le projet de déclaration, le Conseil réclamait "un accès humanitaire sans entrave", "une fin des hostilités" et le lancement d'un "dialogue inclusif national" en Ethiopie.
Il exprimait aussi sa "profonde inquiétude" face à l'arrestation d'employés de l'ONU (une demi-douzaine était toujours détenue vendredi) et réclamait leur "libération immédiate".
La préoccupation des membres du Conseil était aussi soulignée face aux "informations faisant état de détentions généralisées en Ethiopie sur la base de l'identité ethnique et sans procédure régulière" et l'institution devait aussi condamner "les discours haineux", selon le projet de texte. La guerre entre les autorités éthiopiennes et le TPLF, déclenchée le 4 novembre 2020, a fait des milliers de morts et déplacé plus de deux millions de personnes.
Elle est jalonnée d'exactions perpétrées par les deux camps.