Extrémisme en France : tout ce qu'il faut savoir sur ces "Zouaves" de l'ultradroite arrêtés à Paris
Ce groupe de "Zouaves" de l'ultradroite a été interpellé pour risque de violences ou dégradations.
Samedi, 39 membres d’ultradroite, dont une vingtaine de fichés S, ont été placés en garde à vue à Paris et entendus pour « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations », a appris l’AFP de source proche du dossier et auprès du parquet.
Ils étaient toujours en garde à vue ce dimanche à la mi-journée, a indiqué le parquet de Paris à l’AFP.
Parmi eux figurent des personnalités connues de la mouvance, dont l’ancien chef du groupuscule les « Zouaves », Marc de Cacqueray-Valmenier.
Que s’est-il passé ?
Samedi, vers 16 heures, des policiers de la brigade à moto Brav-M sont intervenus à la sortie du cimetière de Charonne, dans le XXe arrondissement de Paris, pour interpeller des membres de la mouvance d’ultradroite.
Ces derniers venaient de rendre hommage à l’écrivain d’extrême droite Robert Brasillach, condamné à mort et fusillé à la Libération pour des faits de collaboration.
Avant d’être interpellés, ces militants avaient aussi été vus à proximité d’une manifestation syndicale contre l’extrême droite qui se déroulait place de la République, a indiqué une source proche du dossier.
Au moins deux d’entre eux étaient munis de béquilles, pouvant être considérées comme des armes par destination, toujours selon cette source.
Qui sont-ils ?
Au total, 39 personnes ont été placées en garde à vue, dont une vingtaine de fichés S.
Les interpellés sont tous majeurs, à l’exception de deux mineurs. Le plus âgé est né en mai 1995 et les deux plus jeunes en octobre 2006, a précisé dimanche le parquet.
Certaines avaient pour interdiction de se rendre à Paris, a fait savoir la source proche du dossier.
Parmi eux figurent des personnalités connues de la mouvance d’ultradroite, dont l’ancien chef du groupuscule dissout les « Zouaves », Marc de Cacqueray-Valmenier, ou Gabriel Loustau, une figure du GUD.
Marc de Caqueray-Valmenier, 24 ans, a déjà été condamné et incarcéré ces dernières années, notamment pour l’attaque, en groupe, d’un bar réputé « antifa » le Saint-Sauveur, à Paris, en 2020.
Ce jeune homme issu d’une famille d’une longue lignée d’aristocrates est actuellement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans l’affaire de l’agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Éric Zemmour, président du mouvement d’extrême droite Reconquête, en décembre 2021.
Sur son compte Instagram, il s’est vanté d’être allé combattre à l’automne 2020 au Nagorny-Karabakh aux côtés des Arméniens chrétiens contre les Azerbaïdjanais musulmans. Il avait alors posté une photo où il apparaissait en tenue militaire, fusil d’assaut en main, un écusson tête de mort sur la poitrine.
Gabriel Loustau, la vingtaine, est quant à lui le fils d’Axel Loustau, un proche de Marine Le Pen et un membre actif du Groupement union défense (GUD) dans sa jeunesse.
Gabriel Loustau avait participé avec son père en mai 2023 à la manifestation d’ultradroite à Paris. Selon Street Press, il a étudié comme son père à Assas. Début janvier, il a été vu à Rome lors de la commémoration fasciste de l’Acca Larentia.
Un contexte de menace accrue de cette mouvance
Ces interpellations interviennent dans un contexte de menace accrue de cette mouvance.
L’ex-directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, désormais à la tête de la DGSE, avait alerté en juillet dernier sur « la résurgence très préoccupante » des actions violentes de l’ultradroite depuis le printemps 2023, dans un entretien au Monde.
En novembre 2023, 13 personnes, dont sept fichées S d’ultradroite, avaient déjà été interpellées à Paris pour des tags de croix gammées au sol dans le XVIIIe arrondissement de la capitale.
Deux d’entre elles avaient été mises en examen pour apologie publique de crime ou délit, six autres pour refus de remettre aux autorités judiciaires le code de leur téléphone portable.
Face à cette menace, plusieurs groupuscules d’ultradroite ont été dissous ces derniers mois par le gouvernement.
Dernier en date, l’association d’ultradroite lilloise La Citadelle, qui s’était vue interdire l’organisation d’une soirée intitulée « Qu’ils retournent en Afrique » en février 2023, a été dissoute mercredi dernier en Conseil des ministres.
En décembre, un autre groupuscule, La Division Martel, avait été dissous après une manifestation aux allures d’expédition punitive à Romans-sur-Isère (Drôme), en réaction à la mort du jeune Thomas, à Crépol.
Depuis 2017, 10 projets d’attentats inspirés par la mouvance d’ultra-droite ont été déjoués, selon les autorités.