«La Belle Otero», cette foreuse géante qui fait son trou sous la croisette en plein Festival de Cannes
Une visite de chantier était organisée jeudi matin sur la Croisette, à quelques pas du tapis rouge, en présence du maire de Cannes David Lisnard.
L'occasion de faire un point sur les travaux de modernisation des réseaux souterrains de la ville.
En bon cinéphile et surtout en tant qu'hôte du premier rassemblement international dédié au cinéma, David Lisnard ne boude pas son plaisir lorsqu'il s'agit de paraphraser une grande réplique de film. «Il faut tout changer pour que rien ne change», a-t-il emprunté jeudi matin au chef-d’œuvre italien de Luchino Visconti, Le Guépard, (1958) avec Alain Delon, lors d'une visite de chantier. Une maxime pour illustrer son ambition de faire de la plus belle avenue de Cannes «la Croisette du 21e siècle». L'édile veut faire du beau, de l'esthétique, mais pas seulement. «Tout n'est pas que cosmétique», assure-t-il.
Depuis plusieurs mois, d'importants travaux de réhabilitation sont conduits en toute discrétion dans les entrailles de la Croisette, à dix mètres de fond. Il s'agit de moderniser les réseaux souterrains, inchangés depuis près d'un siècle pour la plupart. «Un chantier majeur, sur des travaux invisibles mais essentiels pour la vie de la cité», résume le maire. L'objectif principal consiste à restructurer complètement les canalisations humides (eau potable, eaux pluviales et usées). «L'enjeu pour nous aujourd'hui est de réduire les coûts de fonctionnement, de protéger l'environnement (en évitant les fuites notamment, NDLR) et d'optimiser la ressource», poursuit David Lisnard.
Pour réaliser ces travaux sous la Croisette, la municipalité et l'Agglomération de Cannes Lérins emploient la technique innovante et quelque peu spectaculaire du microtunnelier. Une sorte de foreuse géante qui progresse d'une vingtaine de mètres chaque jour. Celle-ci, surnommée «La Belle Otero», créée, sans tranchée et tout en maintenant la circulation en surface, un collecteur principal à grande profondeur afin de récupérer une partie des eaux usées de l'est du bassin cannois (Cannes, Le Cannet, Mougins) et les acheminer jusqu'à la station d'épuration Aquaviva, située près de l'aéroport de Cannes Mandelieu.
Un travail titanesque qui avance bon train, même en plein Festival de Cannes. À la surface, l'évènement bat son plein, imperturbable. Il est presque impossible de deviner qu'à quelques mètres du tapis rouge, juste en face de l'hôtel cinq étoiles Majestic, un trou béant est camouflé derrière un rideau de barrières grillagées. L'un des quatre puits d'attaque depuis lequel le microtunnelier creuse le sous-sol. «C'est un chantier atypique», relève Arnaud Robigny, chef de projet. Sur place, ingénieurs et techniciens s'activent. «La Belle Otero», qui ouvre la voie à un boyau bétonné de 2,3 kilomètres, a déjà parcouru 550 mètres en deux mois. D'ici la fin mai, elle devrait rallier la Gare routière de Cannes.
Un projet à 35 millions d'euros
«Elle se trouve actuellement à peu près sous votre bureau», fait remarquer un agent à David Lisnard. «Moi qui y passe beaucoup trop de temps, je n'ai pourtant rien entendu !», lui rétorque-t-il tout sourire. D'un diamètre de deux mètres, le microtunnelier est téléguidé en surface par un technicien dans un poste de pilotage plein de boutons. «Ça se passe bien», résume-t-il, les yeux rivés sur trois petits écrans. Pour accéder au tunnel foré par «La Belle Otero», il faut prendre son courage à deux mains et descendre dans le trou via une longue échelle verticale. Le maire de Cannes veut être le premier à plonger. Affublé d'une tenue de chantier immaculée, d'une paire de bottes en caoutchouc et d'un casque jaune, l'édile se compare aux Daft Punk.