FFF : Ce que l'on sait concernant l’audit sur Le Graët
Dans la tourmente ces derniers mois et accusé de comportement sexiste et inapproprié, le président de la FFF va se défendre à partir de lundi.
Après trois mois et demi d'enquête, la mission d'audit au sein de la Fédération française de football (FFF) entre dans son ultime phase avec, dès ce lundi 30 janvier, la possibilité pour Noël Le Graët et Florence Hardouin de répondre aux accusations formulées à leur encontre. Le président de la FFF et sa directrice générale, tous deux mis sur la touche le 11 janvier, vont pouvoir prendre connaissance des extraits du pré-rapport les inculpant et y répondre, dans un délai de dix jours à compter de lundi.
Eux seuls auront accès aux parties – à charge – les concernant. De la même manière, Philippe Diallo pourra formuler des observations après lecture des passages relevant des dysfonctionnements au 87, boulevard de Grenelle, le siège de l'instance, en sa qualité de président par intérim.
Cet accès restreint au rapport provisoire de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) répond à une disposition réglementaire. Dans les faits, il devrait en outre limiter les éventuelles fuites dans la presse d'ici à la publication du document définitif et contradictoire, attendue à la mi-février.
La pression reste maximale pour Noël Le Graët, patron tout-puissant de la FFF depuis 2011, sévèrement secoué depuis cinq mois par des enquêtes journalistiques, des témoignages (principalement anonymes) de femmes l'accusant de comportement sexiste et inapproprié, et ses propres déclarations à l'emporte-pièce sur Zinédine Zidane.
Une situation intenable
La première bourrasque est survenue début septembre avec un dossier du magazine So Foot intitulé « Sexe, pouvoir, argent… Ma Fédé va craquer », dans lequel étaient pointés, pêle-mêle, le management jugé autoritaire de Florence Hardouin, l'ambiance de travail « toxique » et des accusations de harcèlement sexuel visant le dirigeant breton.
Ces éléments de presse ont conduit le ministère des Sports à annoncer le 16 septembre l'ouverture d'une mission d'audit et de contrôle « sur le pilotage de la Fédération et le respect des obligations qui s'y attachent ». Celle-ci a débuté un mois plus tard avec l'audition des principaux concernés. À 81 ans, Noël Le Graët traverse à titre personnel la période la plus délicate de son long mandat, commencé sur les ruines du fiasco de Knysna au Mondial 2010 en Afrique du Sud.
Sa gestion en solitaire à la tête de la Fédération, les témoignages l'accablant et ses sorties médiatiques parfois non maîtrisées, comme sur Zidane, l'ont isolé comme jamais. Sa situation est devenue quasi intenable quand Sonia Souid, agente de joueuses, a dénoncé dans la presse l'attitude insistante de Le Graët au téléphone ou durant des rendez-vous professionnels : « Il m'a dit en tête à tête, dans son appartement, très clairement, que si je voulais qu'il m'aide, il fallait passer à la casserole », a-t-elle accusé.
Des témoignages accablants
Ce premier témoignage à visage découvert a poussé la justice à ouvrir une enquête pour harcèlement sexuel et moral. Noël Le Graët a démenti les faits reprochés et fustigé les fuites dans la presse, comme les « nombreuses interférences et pressions politiques ». « M. Le Graët n'a eu ni l'occasion de prendre connaissance des éléments le concernant, ni l'occasion de faire valoir ses observations en défense », ont dénoncé ses avocates dans un communiqué.