FFF: Mise en retrait, Le Graët risquerait une mise en retraite
Après son attaque contre Zizou, Noël Le Graët n'a qu'a croisé les doigts pour que sa mise en retrait ne devienne une mise en retraite.
La situation de Noël Le Graët est intenable. En fait, elle devrait l’être. La temporisation adoptée avec sa mise en retrait lors du dernier comex apparaît en effet désormais comme une hypocrisie déplacée, notamment au regard de l’enquête ouverte pour « harcèlement moral » et « harcèlement sexuel » .
Toutefois, il faudrait également que la fédération, enfin sa direction, l’exige au nom des fautes graves commises par son président depuis des années.
Il s’agit de la conséquence logique de l’audit lancé par le ministère des Sports bien avant le bad buzz des déclarations sur Zinédine Zidane. Amélie Oudéa-Castéra l’avait d’ailleurs laissé entendre en conférence de presse afin de mettre la pression avant la dernière réunion du comex, qui déboucha sur cette fameuse « mise en retrait » de Noël Le Graët.
Une enquête a donc été ouverte lundi 16, confiée à la brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP), à l’encontre de l’ancien boss de l’En Avant Guingamp, à la suite d'un signalement de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).
Naturellement, le premier incriminé nie en bloc, comme depuis le début, « toutes (les) accusations de harcèlement moral ou sexuel ou toutes autres infractions pénales » à son encontre. Il continue à se plaindre de l’acharnement des médias et bien sûr des « nombreuses interférences et pressions politiques » (peut-être un appel à l’aide à son grand ami, Gianni Infantino, Lider Maximo de la FIFA).
L'insupportable esquive
Ce dernier rebondissement met surtout, une fois de plus, le comex devant ses responsabilités. Ses membres avaient clairement opté pour la diversion, calmer l’opinion et le pouvoir politique de tutelle en offrant des vacances forcées à Noël Le Graët, le temps que tout se calme. L’institution était sauve, enfin ceux et celles qui en tiennent pour le moment les rênes. On allait attendre le rendu de l’audit et en fonction de ce qu’il demeurera de cette ambiance délétère, l’affaire se réglera « en famille » .
Cette esquive s’avère insupportable, tant formellement que moralement. Puisque clairement Noël Le Graët ne pense qu’à remporter une victoire sur la ministre, sans se soucier des dégâts sur la fédération ou l’image du foot français, le comex devrait convoquer une AG extraordinaire, avec un corps électoral le plus représentatif possible, qui permette d’élire un autre président, et une autre direction. La présomption d’innocence protège légalement l’inculpé.
Elle ne retombe pas sur l’institution concernée par les faits qui se sont déroulés en son sein, en son nom, sous son autorité et avec la « protection » de son image publique. L’intérim de Philippe Diallo, dont on connaît la proximité et ce qu’il doit à Noël Le Graët, peut-elle véritablement tenir deux ans avec un tel mentor dans son ombre qui conserverait de facto la possibilité de revenir, puisque toujours « président élu » ?
Aulas, fidèle pare-feu
Le comex doit en outre se demander si Noël Le Graët n’a pas dérogé à ses devoirs et obligations, notamment en matière de représentativité de la fédération. Nous en sommes loin. Avant le comex de jeudi prochain, Jean-Michel Aulas, un des plus fidèles pare-feu de Noël Le Graët, déclarait dans L’Équipe, au sujet d’une demande de démission :
« C'est une éventualité. Mais en l'état actuel des choses, je pense que c'est prématuré de le dire. D'ici jeudi, il faut que l'on ait le maximum d'informations objectives. Je ne dis pas qu'il ne faudra pas y arriver. Mais aujourd'hui, au regard de ce que représente Noël en tant qu'homme et dirigeant, ce serait aller vite en besogne. »
Il suffirait cependant de se souvenir de ses prises de position problématiques - niant le racisme dans le football, sa complaisance devant l’homophobie ou ses propos insultant les travailleurs migrants au Qatar – pour comprendre qu’il n’était plus la personne idoine pour ce rôle. Il n’en avait (plus ?) ni les compétences ni même la pleine conscience de que cela impliquait désormais dans la société française.
Au moment où les parcours de Strasbourg Koenigshoffen ou Pays de Cassel en Coupe de France illustrent si bien la place unique du ballon rond dans le pays, oui, Noël Le Graët doit démissionner.