Fin des accords de pêche UE-Afrique : après le Sénégal, à qui le tour ?
Alors que les navires de pêche européens quittent les eaux sénégalaises, un vent de changement souffle sur les accords de pêche entre l'Union européenne (UE) et plusieurs pays africains.
Ces contrats, essentiels pour l'industrie halieutique européenne, suscitent de plus en plus de controverses quant à leur impact environnemental et économique pour les pays partenaires africains.
Le cas sénégalais : un tournant décisif
Le 12 novembre, l’UE a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable (APP) avec le Sénégal, qui expirera officiellement le 17 novembre. Cette décision marque un tournant, car ce contrat permettait aux navires européens d’opérer dans les eaux sénégalaises en échange d’une contribution financière et d’un soutien au secteur local de la pêche.
Bien que cet accord ait généré environ 15 millions d'euros annuellement pour le Sénégal, il a été critiqué pour son impact sur les ressources halieutiques locales. Des organisations environnementales et des pêcheurs sénégalais ont régulièrement dénoncé la surpêche et les conséquences pour les communautés côtières, dépendantes de ces ressources pour leur subsistance.
Qui sera le prochain ?
Outre le Sénégal, plusieurs accords similaires subsistent entre l’UE et d'autres États africains, notamment avec la Mauritanie, le Maroc, la Guinée-Bissau, et les Seychelles. Ces contrats permettent aux flottes européennes, principalement espagnoles et françaises, d’exploiter les eaux poissonneuses de l'Afrique en échange de redevances. Cependant, la remise en question de ces partenariats pourrait s'étendre à d'autres pays pour des raisons similaires :
Mauritanie :
Le plus grand partenaire de l’UE en Afrique dans le domaine de la pêche, avec un contrat annuel évalué à 60 millions d'euros. Cependant, des critiques sur l'épuisement des ressources et les faibles bénéfices locaux gagnent du terrain.
Guinée-Bissau :
Bien que cet accord soit crucial pour les recettes publiques du pays, les inquiétudes croissantes concernant l’exploitation excessive des stocks de poissons pourraient mener à une révision.
Maroc :
Les tensions autour de la pêche au Sahara occidental compliquent la prolongation de l’accord en cours, particulièrement dans le contexte des revendications territoriales.
Les retombées économiques en question
Ces accords offrent à l’UE un accès privilégié à des ressources précieuses pour son industrie agroalimentaire, tout en fournissant aux pays africains des revenus importants. Cependant, pour de nombreuses communautés locales, les gains financiers ne compensent pas les pertes écologiques et économiques. Les stocks de poissons diminuent, rendant la pêche artisanale moins rentable, tandis que la dépendance aux redevances européennes limite les alternatives économiques.
Une nouvelle ère pour la pêche en Afrique ?
Le retrait de l’UE des eaux sénégalaises pourrait encourager d'autres pays africains à repenser leurs relations avec Bruxelles. Des initiatives locales et régionales visent déjà à promouvoir une gestion durable des ressources halieutiques, en privilégiant la pêche artisanale et en renforçant les capacités locales.
Alors que les débats se poursuivent, la question reste ouverte : quel pays africain sera le prochain à remettre en cause ces accords ? Pour l’Union européenne, il devient impératif de réévaluer ses politiques pour trouver un équilibre entre ses besoins industriels et le respect des écosystèmes et des économies africaines.